mercredi 25 novembre 2015
Larmes
La journée a été éprouvante.
Il s'est mis à pleuvoir quand je sortais de l'usine. Une eau froide et lourde comme le ciel où bavaient des taches d'encre noire délavée.
mercredi 18 novembre 2015
La ceinture
Je viens d’enfiler ma robe quand l'idée me traverse l'esprit. Elle serait plus jolie avec une grosse ceinture, non ? Moi aussi d'ailleurs, une belle ceinture en cuir noir, assez large, à la mesure de mes hanches rondes. Cela tombe bien, j’en ai une que mon amie m’a prêtée pour le concert de samedi dernier. Elle devrait bien aller bien avec cette robe… je meurs d’envie de l’essayer. Je ne l’ai pas portée puisque le concert a été annulé.
Combien de fois l’ai-je admirée à la taille de mon amie, elle qui n'a jamais peur d'afficher ses formes. Moi d'habitude je porte plutôt mes mes robes sans forme, adepte d'un flou derrière lequel je me camoufle.
Elle est belle cette ceinture, dessine ma taille et donne à ma robe un petit plus, ce que l’on appelle la french touch peut-être. Immédiatement ma silhouette change, sculptée, plus féminine.
Je me scrute dans le miroir de l'entrée. Exactement : je suis plus féminine et aujourd'hui cela me fait du bien.
Ceinture adoptée.
- … à Saint-Denis, une femme vient de faire exploser sa ceinture d’explosifs…
Brutalement cette ceinture me semble si lourde à porter.
dimanche 15 novembre 2015
Mes amis, comment allez-vous ?
Mes amis, comment allez-vous ?
Tout à l'heure près de la rivière, je pensais à vous tous. Je me demandais dans quels tourments vous vous trouvez.
mercredi 11 novembre 2015
Commémotion
Après de nombreuses péripéties (lire ou relire ma lettre à ma fille), ma fille, 13 ans, a fini par intégrer une brigade de jeunes sapeurs pompiers.
Ce matin pour la première fois de sa vie, de ma vie, de notre vie, elle est donc partie défiler pour la commémoration du 11 novembre.
J'ai beaucoup de mal à décrire ce que j'ai ressenti lorsque je l'ai aperçue marchant au pas dans son petit uniforme. C'était un curieux mélange : émotion, j'ai senti les larmes me monter aux yeux, fierté, j'admire son courage et son engagement, impuissance aussi comme si, soudainement, elle m'échappait, peur également de ce choix qui, peut-être sans doute, la conduira à vivre des situations difficiles et violentes.
Ma fille, petit soldat du feu. Ma fille, petit soldat tout court. Je n'ai jamais été très à l'aise avec l'institution militaire, je n'aime pas les ordres, je n'aime pas les contraintes et la hiérarchie. J'aime pouvoir discuter, débattre, polémiquer. J'aime la liberté, l'égalité et j'ai l'intuition que l'armée est un carcan où sont broyées toutes les formes d'expression originales et les initiatives personnelles. Peut-être que je me trompe ? Peut-être que cette vision, très égocentrée, est faussée par mon parti-pris, que je manque d'objectivité.
dimanche 8 novembre 2015
L'amour en pente (suite et fin)
En septembre 2014, j'avais écrit ce texte court L'amour en pente.
Je n'ai jamais pu oublier ce petit couple que j'avais vu passer dans ma rue et qui se tenait par la main comme au premier jour de leur amour.
Je les ai revus parfois, ils ne m'ont jamais regardée, ils n'existaient que pour eux et le temps qui leur restait à tous les deux.
Vendredi dernier, j'ai vu la vieille dame, un peu plus voutée, marchant à plus petits pas. Je l'ai vue avancer dans ma rue qui monte et qui descend, ses mains accrochées au métal froid d'un déambulateur. Elle marchait sans voir personne, les yeux accrochés quelque part ailleurs.
J'ai pensé que c'était arrivé et que le temps avait fait son affaire.
Elle était seule pour terminer la route et j'ai pleuré.
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