J’habite presqu’en face des restos du cœur de ma ville, j’ai déjà écrit sur le sujet (lire ici) et jusqu’à ce matin, je n’avais pas l’intention de revenir dessus.
Depuis trois ans, je me suis habituée à ce voisinage, au portail triste et gris (un peu semblable au mien) où sont affichés de travers les horaires d’ouverture, les modalités d’accueil, les restrictions aussi. J’y ai appris qu’il fallait s’inscrire pour être accueilli alors qu’avant je pensais qu’il suffisait d’aller frapper pour qu’une main généreuse se tende et vous secourt. En fait, pas du tout : les portes ne s’ouvre qu’un jour par semaine et à heure fixe.
Ce jour-là ma rue est très fréquentée, dès le matin, par quantité de gens portant à la main des cabas de supermarché. Je ne sais pas ce qui se passe lorsqu'on a raté le jour de la distribution de l'aide alimentaire.
J’ai toujours du mal à accepter qu’il y ait autant de gens dans le besoin, expression douloureuse et tellement laide. Est-ce mon empathie naturelle ou parce que je pense parfois que cela peut me tomber dessus n’importe quand ?
JE NE SAIS PAS.
J’ai toujours du mal à accepter qu’il y ait autant de gens dans le besoin, expression douloureuse et tellement laide. Est-ce mon empathie naturelle ou parce que je pense parfois que cela peut me tomber dessus n’importe quand ?
Je reviens à ce matin, à l’heure où je pars bosser. Il est 8 h 20, ça va être l’heure de la revue de presse sur France Inter, c’est la deuxième semaine des vacances scolaires et il va faire beau à partir de 16 h.
Devant le portail triste, gris et moche, j'aperçois une dame avec un grand sac vide à la main droite et un petit garçon tout mignon à la main gauche.
Il ne fait pas vraiment froid mais il commence à pleuvoter.
Devant le portail triste, gris et moche, j'aperçois une dame avec un grand sac vide à la main droite et un petit garçon tout mignon à la main gauche.
Il ne fait pas vraiment froid mais il commence à pleuvoter.
Je sens alors que tout explose en moi. Colère, chagrin, angoisse, douleur, empathie, sympathie, révolte. Tout.
C’est la deuxième semaine des vacances, les (mes) enfants dorment encore ou prennent leur petit-déjeuner.
C’est la deuxième semaine des vacances, les (mes) enfants dorment encore ou prennent leur petit-déjeuner.
Je me demande ce que ce gosse fout là – oui vous avez bien lu, j’ai écrit « fout » – parce qu’il n’a rien à y faire ni à cette heure ni à une autre heure d'ailleurs. Et encore moins aujourd'hui.
Ce p… de cabas est vide et le restera parce qu’on n’est pas jeudi (jour de la distribution), et qu’il faudra qu’ils reviennent demain.
Aujourd'hui on est mercredi, le jour des enfants, et je me dis que ce petit garçon tout mignon a tiré le mauvais numéro, qu'il doit passer des vacances pourries si ses journées commencent devant la porte fermée des restos du cœur.
Je monte dans ma voiture en pestant contre ce monde de merde !
Toute la journée je pense à sa petite bouille et je me maudis.
Toute la journée je pense à sa petite bouille et je me maudis.
- Qu'est-ce que t'as fait ?
Qu'est-ce que t'aurais pu faire ?
Qu'est-ce que t'aurais dû faire?
JE NE SAIS PAS.
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