Samedi midi, nous avons déjeuné tous les quatre ensemble. Depuis combien de temps cela ne nous était-il pas arrivé ?
Cinq années.
Cinq ans depuis le jour où j'ai quitté le domicile conjugal.
Cinq ans depuis que j'ai déménagé pour changer de vie.
Cinq années que nous avons vécues séparés.
Mais samedi n'était pas un jour ordinaire. Notre grand garçon revenait de sa première semaine d'internat. Notre petite chérie fêtait son treizième anniversaire. Et puis beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts.
Pourtant nous avons eu tellement de jours sans. Sans nous parler. Sans même accepter de nous croiser. Cela a rendu parfois difficile la garde alternée. Nous étions toujours sur la défensive, écorchés, même si nous avons toujours eu le souci de bien faire pour eux.
Samedi midi, le repas était tout simple, le ciel un peu gris, les guêpes de septembre énervantes à tournicoter autour des assiettes.
J'avais eu un peu peur juste avant qu'il n'arrive. Comment les choses allaient-elles se passer ? C'est moi qui avais proposé ce déjeuner mais il avait tout de suite dit oui. Nous étions sur la voie de l'apaisement mais était-ce vraiment une bonne idée ?
Il y a bien eu un petit moment de flottement au démarrage mais lorsque nous sommes passés à table, tout naturellement, nous avons retrouvé la configuration initiale, lui et moi face à elle et lui. Après tout s'est enchainé. C'était fluide comme les échanges autour de la table. Et lorsque j'ai apporté le gâteau au chocolat avec les bougies, que le vent les a soufflées d'un coup d'un seul, nous avons tous les quatre éclaté de rire.
Parfois on rit aux éclats, parfois on rit aux larmes.
Oui, samedi midi nous avons vraiment vécu un beau moment.
Après, la table était débarrassée, le lave-vaisselle en marche, je me suis dit que ça valait le coup d'avoir attendu, d'avoir mis de l'eau dans notre vin et un mouchoir sur nos états d'âme. D'avoir laissé le temps faire son boulot mais surtout d'avoir imaginé qu'un jour, peut-être, nous parviendrions à vivre ce moment.
Oui nous avions bien fait finalement. Parce qu'au bout de ce chemin, samedi midi, nous avons été ce que nous devrions toujours être pour nos enfants.
Homme, femme, des parents tout simplement.
© photo Florence Durand/Sipa
chapeau !!! car perso j'aurai du mal de passer un repas avec mon ex-mari, pourtant je ne suis pas a le faire chier etc mais ça c'est impensable pour moi (pour le moment)
RépondreSupprimerC'est très émouvant ! <3
RépondreSupprimerBravo, c'est beau et émouvant...
RépondreSupprimerRetour à la Baticole.... Souvenirs... Souvenirs...
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