Pendant les vacances, ma petite chérie m’a demandé d’imaginer pour elle un sujet de rédaction. Je lui ai donc écrit un début de texte, à charge pour elle d’imaginer la suite. Finalement, dans notre tribu estivale, tout le monde s’y est mis et ce qui avait commencé par un devoir de vacances s’est terminé par un jeu concours dont le premier prix était une publication sur mon blog.
Pas facile à départager… voici donc les deux versions (non retouchées) qui sont arrivées ex-aequo.
Le début...
C’était le troisième
matin des vacances. Il flottait une drôle d’odeur dans la chambre. Je mis du
temps à comprendre qu’il s’agissait des algues vertes. La marée devait être
basse.
Tout le monde dormait
encore. Je descendis et m’arrêtai dans la cuisine pour prendre un morceau de
pain. Je sortis sur la terrasse. Le port était plongé dans une brume épaisse,
comme du coton blanc. J’allais descendre sur le bord de mer lorsque mon regard
fut stoppé net. Je n’en croyais pas mes yeux. Comment avaient-ils fait ?
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… Au bout du jardin, le petit sentier abrupt qui menait
à la plage était devenu méconnaissable. Les enfants avaient préparé en secret,
pour aider leur grand-mère, un superbe escalier provisoire fait de pierres
plates trouvées ça et là, calées par de petits rondins de bois et tapissées
d’aiguilles de pin qui provenaient de ces immenses arbres sombres qui donnaient à ce jardin
breton un petit air méditerranéen.
Ce tapis glissant n’était sans doute pas la meilleure idée,
mais ils avaient dû être fiers de leur trouvaille !
Comment avaient-ils fait
en effet pour réaliser ce travail sans que nous nous en rendions
compte ? Et nous avions compris ces allées et venues mystérieuses, ces
sacs chargés, ces sourires en coins et ces réponses évasives aux questions
insistantes maternelles ! Sans doute cet escalier éphémère dura-t-il,
comme la rose, l’espace d’un mois de juillet !
Colette, 82 ans
… Devant moi se déroulait une scène apocalyptique. A l’entrée
du port, couché sur le flanc, la coque éventrée, échoué au milieu des bateaux
qu’il avait percutés, gisait un immense paquebot qui déversait son infâme
cargaison sur la plage : des torrents impétueux d’algues vertes
s’écoulaient de sa cale, tel un fleuve
en furie. La moitié de la surface du port était recouverte de cette
vague d’immondices, des nuées de mouches vrombissaient autour de ce charnier
végétal, tandis qu’une légère bise charriait
les relents de putréfaction vers les terres. L’air semblait chargé
d’ammoniac. Je fus saisi d’un terrible haut-le-cœur et mon estomac chavira.
Mon attention fut ensuite attirée par un groupe de courageux
baigneurs matinaux, insouciants quelques instants plus tôt mais qui
s’empêtraient désormais dans ce bourbier
marin.
Un faible rayon de soleil perça le cocon de brume, et je pus
déchiffrer sur la coque le nom du bateau : « Green Sea – Energie
bio-marine propre ».
Quelle ironie du sort !
Sur la jetée, un régiment de pompiers et de sauveteurs
s’affairait, guidant un incessant ballet de tracteurs. Derrière un cordon de
sécurité hâtivement dressé par un commando héliporté de la Marine, une foule
grouillante de journalistes se pressait en vue d’un scoop.
Encore une journée sans histoire à Quimiac, soupirai-je,
avant de remonter me coucher.
Guillaume, 16 ans
© Photo Peps
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