Personne ne doit ignorer que derrière les portes de certains placards vivent des hommes et des femmes. Cette série documentaire est très librement inspirée de leur expérience.
Episode 4
Thé ou café ?
Un de ses problèmes quotidiens était qu’elle ne savait plus du tout comment s’habiller.
S’habiller pour quoi faire ?
Elle avait même pensé à un moment venir en jogging. Après tout, désormais elle pouvait faire fi des coquetteries et des convenances. Le placard supporterait bien une tenue confortable.
Et puis ce n’était pas pour le monde qui y passait. Quoique…
Avant avant-hier, le super manager avait débarqué sur les coups de 10 h 06 sans même prévenir ni frapper. Jusque-là rien de changé.
Depuis 8 h 07, elle avait ouvert les fenêtres en grand et entrepris le ménage de printemps.
- … et ce n’est pas du luxe… je te le dis…
Elle chantonnait presque son plumeau à la main, perchée sur son escabeau.
Il était entré comme dans un moulin. Elle ne l’avait pas vu, pas entendu d’autant plus qu’elle était de dos. Sur la pointe des pieds de la dernière marche de son échelle pour tenter de faire la peau aux poussières déposées tout en haut des étagères.
Quand elle avait perçu un marmonnement dans l’entrebâillement de la porte, elle avait sursauté et même failli partir à la renverse.
- …eu… clients… nais… rivent … sonne … fé…té.
Le temps qu’elle descende de son échelle, il était déjà reparti.
Des bribes entendues, elle avait déduit qu’elle devait aller servir le café pour des clients qui venaient d’arriver.
- Chic je vais voir du monde… enfin !
Et puis elle avait regardé son jean, ses baskets violettes et, toutes NewBalance qu’elles étaient, elle avait pensé.
- Euh ça va pas le faire…
Mais le placard n’était pas un dressing donc… il allait bien falloir que ça le fasse.
Alors comme si de rien n’était, très naturellement, elle avait préparé le café, pas trop fort pour ne pas gâcher, et dressé le plateau du café. Pour combien de personnes au fait ? Elle avait prévu huit tasses ce qui, pensait-elle, lui laissait une marge assez confortable. Sans oublier le sucre, les touillettes en plastique. Elle avait aussi farfouillé pour trouver un petit biscuit mais en vain. Pas une miette, même périmée, à l’horizon.
Depuis 8 h 07, elle avait ouvert les fenêtres en grand et entrepris le ménage de printemps.
- … et ce n’est pas du luxe… je te le dis…
Elle chantonnait presque son plumeau à la main, perchée sur son escabeau.
Il était entré comme dans un moulin. Elle ne l’avait pas vu, pas entendu d’autant plus qu’elle était de dos. Sur la pointe des pieds de la dernière marche de son échelle pour tenter de faire la peau aux poussières déposées tout en haut des étagères.
Quand elle avait perçu un marmonnement dans l’entrebâillement de la porte, elle avait sursauté et même failli partir à la renverse.
- …eu… clients… nais… rivent … sonne … fé…té.
Le temps qu’elle descende de son échelle, il était déjà reparti.
Des bribes entendues, elle avait déduit qu’elle devait aller servir le café pour des clients qui venaient d’arriver.
- Chic je vais voir du monde… enfin !
Et puis elle avait regardé son jean, ses baskets violettes et, toutes NewBalance qu’elles étaient, elle avait pensé.
- Euh ça va pas le faire…
Mais le placard n’était pas un dressing donc… il allait bien falloir que ça le fasse.
Alors comme si de rien n’était, très naturellement, elle avait préparé le café, pas trop fort pour ne pas gâcher, et dressé le plateau du café. Pour combien de personnes au fait ? Elle avait prévu huit tasses ce qui, pensait-elle, lui laissait une marge assez confortable. Sans oublier le sucre, les touillettes en plastique. Elle avait aussi farfouillé pour trouver un petit biscuit mais en vain. Pas une miette, même périmée, à l’horizon.
Et oui les voies du master d’économétrie et statistique appliquée étaient bel et bien impénétrables ! Mais elle tenait entre ses mains l’essentiel : aujourd’hui, elle avait enfin l’occasion de sortir du placard.
Enfin elle s’était lancée dans le couloir. La démarche altière, la tête haute, le regard fixé sur un point à l’horizon lointain, elle appliquait la sacro-sainte règle des garçons de café
- …surtout ne jamais regarder son plateau…
Par chance, elle n’avait croisé personne.
Elle avait frappé à la porte de la salle de réunion et, sans attendre la réponse, était entrée, la NewBalance énergique.
Mais là, elle avait stoppé net. Que n’avait-elle entendu ou compris… C’était la catastrophe, il recevait des clients japonais. Et surtout il recevait ses clients japonais à elle.
La réunion spéciale « marchés japonais » était gravée dans sa mémoire : deux heures pour expliquer aux cadres – mais oui c’était avant le placard ! – les (dress) codes spécifiques aux clients nippons.
D’emblée elle venait de transgresser coup sur coup deux codes majeurs.
1. Elle portait un pantalon.
2. Elle n’avait pas attendu qu’on lui dise d’entrer.
Mais surtout qu’allaient comprendre ces messieurs au management de l’entreprise ? La négociatrice d’hier servait aujourd’hui le café… en NewBalance violettes de surcroît.
Pour le moins étrange, non ?
Elle frissonna. D’ailleurs Super Boss la fusillait d’un regard assassin. Mauvais présage.
- Toi ma vieille tu vas passer un sale quart d’heure…
Elle sentait l’orage arriver, ça pouvait exploser d’un instant à l’autre.
Malgré tout elle avait tenté de poser le plateau sur la table mais il l’avait arrêtée net d’un geste de la main.
Il n’allait quand même pas… Il ne pouvait pas faire ça... Elle s’attendait au pire. Comme à son habitude il détourna son regard, l’éjecta de son champ de vision. Il la bannissait une nouvelle fois. Elle entendit sa voix cinglante, bien distincte cette fois.
- Je vous ai demandé du thé… Vous savez pourtant que ces messieurs ne boivent jamais de café !
Même ça, elle n’était pas fichue de le faire bien.
(à suivre…)
Rholàlàlà... on est mal on est mal ! La suite ?
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