Nous étions en train de dîner tous les quatre, mon amoureux, mon grand et ma petite,
mes chéris quoi. Un samedi soir tranquille autour d'un bon gros poulet de ferme de 2,7 kilos. Je l'avais mis à rôtir dans le plus grand plat que j'avais trouvé et qui s'était avéré être presque un peu étroit, le pauvre volatile. Avec des frites maison faites à l'Actifry de Seb, une cuillère d'huile pour 1,5 kilo de pommes de terre : l'alibi diététique de la frite. Il y avait aussi un bol de jus rempli à ras bord, des petits morceaux d'oignons caramélisés dans la sauce, un bouquet de thym dans le poulet et une peau dorée craquante pleine de cholestérol tellement bon…
Je ne sais plus trop de quoi on parlait mais tout à coup j'ai réalisé qu'elle chipotait, elle la reine du poulet rôti. Je la connais comme si je l'ai faite, j'ai vu sa fourchette qui déchiquetait, écrasait et repoussait sur les bords, ses yeux un peu dans le vague. Elle avait une petite mine tout à coup, ma chipette, alors qu'elle rigolait tant le quart d'heure avant.
Je lui ai demandé ce qui se passait. Elle a tout sorti d'une traite.
- Dans ma classe, des filles ont inventé un jeu…
Je me suis attendue au pire.
- … un concours plutôt… En tout cas pas vraiment drôle...
Mon amoureux, mon grand et moi, on a retenu notre souffle.
- … elles ont créé trois catégories et elles ont demandé aux garçons de voter…
On n'y comprenait pas grand chose. J'ai juste essayé de l'aider
- … c'est quoi cette histoire de catégorie et de vote…
- beh trois catégories de filles : belle, bof ou moche. Et les garçons devaient nous classer.
Tous les trois, on s'est exclamé en même temps.
- Et alors ?
- Beh moi ils m'ont mise dans les moches…
Mon grand a crié
- N'importe quoi…
Mon amoureux a ajouté
- C'est ridicule…
Moche ! Je l'ai regardée avec ses longs cheveux bruns, son petit nez mutin, ses grands yeux noirs, ses fossettes… Ma beauté !
Mon grand a dit tendrement
- Moi je te trouve trop mignonne avec tes petites tâches de rousseur…
J'ai repensé à mes années de collège, les pires peut-être de ma vie, à la cruauté des filles entre elles.
J'ai eu cette question stupide
- Et qui sont les belles ?
Je le savais déjà. Ce ne pouvait pas être autrement.
- Ben celles qui ont inventé le concours.
Les belles. Les meneuses. Les reines de la classe. Je les imaginais. En 5e, ça voulait dire les filles formées, avec des seins, du maquillage, des talons aussi pour certaines. Je les voyais trainer à la sortie du collège.
Elle n'y est pas encore ma petite chérie… Qu'elle prenne son temps, surtout. Mais de là à être classée dans les moches.
- Et tous les garçons…
- Non il y en a un qui m'a classée dans les bof !
On était atterrés, on a tout essayé pour la réconforter.
- Mais nous on trouve que tu es si jolie…
- Et puis la beauté, qu'est-ce que ça veut dire ?
- C'est tellement subjectif.
- Tu te rends compte si on n'avait qu'un seul critère de beauté.
Blablablabla…
Bref pendant qu'on rivalisait de petites phrases toutes faites, on n'a pas fait attention qu'elle s'était resservie de poulet. Avec du jus. De la peau croustillante. Des petits morceaux d'oignons.
- De toute façon, dans ma classe, les garçons sont tous moches !
Mais surtout qu'elle venait de finir les frites.
J'ai beaucoup apprécié la lecture de ton billet ! C'est vrai que les enfants sont souvent cruels entre eux... Et la question du physique est mise maintes et maintes fois sur le tapis, à l'école. Perso, j'en ai souffert aussi dans les petites classes, et puis en grandissant, la tendance c'est inversée. Je trouvais cela tellement hypocrite d'aimer ou pas selon le physique !!! Bon courage pour ta petite gourmande ;-)
RépondreSupprimerMessage personnel pour ta "chipette": moi, je la trouve ravissante et pétillante
RépondreSupprimerisa