Je reconduis mes enfants chez leur père. A
l’heure où la lumière est entre chien et loup. J’aime cette expression mais je
n’aime pas rouler à ce moment de la journée. Les routes de campagne sont
comme des tracés aux contours imprécis, des mirages qui semblent s’évanouir
quand on arrive dessus.
Je réalise que j’écris encore sur mes enfants,
je sais que je parle beaucoup d’eux, trop peut-être, mais pour moi ce n’est
jamais assez.
Je ne les ai eus à moi que deux jours et demi, la faute aux vacances, aux aléas du boulot, à la
vie tout court.
Je n’ai pas fait le plein de cette douceur
enfantine qu’ils m’accordent encore tous les deux, chacun à leur manière. De
ces câlins pataudement donnés, ces élans spontanés de tendresse.
J’ai faim de nos bavardages. De nos nerfs à vif. De l’odeur de leur peau. De leur tignasse que j'aime ébouriffer.
Je reste sur ma faim.
Le coffre de la voiture est chargé, retour
de vacances, rentrée demain. Tout un bazar, les mille et uns petits riens de
leur existence d’enfants de parents séparés.
Des miettes de nos vies.
J’ai le cœur en miettes.
Ils ont pris le pli, désormais, de ces retours
du dimanche soir. Un instant, je suis tentée de les envier, l'apparente facilité avec laquelle ils passent de la présence à l'absence.
Ils sont comme pressés de repartir de l’autre
côté, pressés d’en finir. Et lorsque je descends de la voiture pour
les aider, je sens qu'ils sont déjà ailleurs.
En les embrassant, je ressens une crispation bien connue frôler mon visage. Instant fugace.
L’impression que je peux basculer et les entraîner avec moi.
Rien ne se passe. Ni l’un ni l’autre n'en a rien vu.
Je bénis cette heure entre chien et loup.
Que cela doit être difficile.
RépondreSupprimerMon coeur de maman se serre en te lisant.
Bon courage.
Ces billets où tu parles de tes enfants sont mes préférés. Ils ont une portée universelle. Je ressens tes émotions en les lisants. La magie de l'écriture !
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