C’était hier, un article à la une de la
République du Centre.
Le harcèlement de rue, encore ? J’avais
l’impression d’en avoir les oreilles rabattues. L’air du temps, la
tendance ? Cela finissait par m'agacer. J’étais là à ronchonner devant ma tasse
de thé et puis j’ai commencé à lire l’article. Il était accablant : jeunes, moins jeunes,
jolies, moins jolies, blondes, brunes, rousses, minces, grosses, grandes, à pois, à fleurs, en jean, en jupe ou en short. Un peu de moi dans celle-ci, un peu de moi dans
celle-là. Un peu de nous toutes.
J’ai plongé dans l’écœurement. Celui d’un
regard plus appuyé. Du verbe insistant. Du geste déplacé. La violence ordinaire, commune, quotidienne.
Combien de fois cela m’était-il arrivé sans
que je ne m’en rende compte ? Sans que j'ose mettre ce nom, il est si fort, sur ce comportement.
J’ai repensé à un trottoir à deux pas de chez moi sur lequel je ne passais plus. Je traverse désormais systématiquement la rue pour
éviter cette terrasse de café et sa brochette de fumeurs affalés sur leur
chaise.
Je ne supporte plus de sentir leurs regards
me tripoter. Ces yeux dans mon dos. Dans mon dos ? Bel euphémisme !
- Ouah le c…
Les ricanements gras. Les sifflements et les
gestes explicites.
J'hésite aussi à aller me balader – avec mon
chien pourtant – sur cette belle promenade plantée d’arbres de l’autre côté de la ville. J’en ai eu marre de forcer le passage face à des hommes désœuvrés, toujours en bande. Marre de faire comme si je les ignorais.
- Jolie Mademoiselle…
- On peut vous accompagner ?
- Vous avez du feu ?
Ou alors le tutoiement devenu agressif.
- Tu réponds pas ?
- T’es b…
Marre d'avoir la trouille de ces yeux qui semblent me déshabiller, ces
mains qui font semblant de s'avancer et me forcent à m'écarter.
Comme ce week-end dernier sur le marché, dans la
file d’attente du maraîcher, où je me suis justement écartée deux ou trois fois afin d'éviter
le frôlement de cet homme beaucoup trop proche de moi sans aucune nécessité.
A moins que…
Alors c'est donc ça. Et même si j'entends déjà les cris de certains, les commentaires sur le fait que, finalement, je devrais être flattée, les il ne faut pas voir le mal partout, et toutes les inepties qui peuvent être rabâchées face à cette banalité insidieuse, il faut que je l'écrive noir sur blanc.
Moi aussi, j'ai été victime du harcèlement de rue.
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