LE BLOGLE BACKSTAGE

dimanche 11 mai 2014

Monsieur Georges



- Tu m'écriras quelque chose de joli pour lui… 
C'est ce que tu m'as dit ce matin dans ton message. 

Depuis je pense à toi ma Catherine, mon amie de cœur, ma presque sœur, ma complice chérie. Et à lui évidemment. A vous deux.

Monsieur Georges est mort cette nuit.
Et j'aimerais te dire, t'écrire qu'il s'est endormi à la saison des roses qu'il aimait tant et à l'heure où dans les jardins les pivoines commencent à s'ébouriffer.

Que j'aime imaginer qu'il est parti au petit matin avec le chant des oiseaux pour le bercer.

Que j'aime rêver que là où il est, il a retrouvé ses souvenirs perdus et que sa mémoire ne l'embête plus.

Et puis je relis ce texte écrit pour ton papa dans ma vie d'avant et je me dis que tout y était, déjà… 
Lundi 31 janvier 2011 Épisode dédié à Georges, Daddy et tous les pères dont la mémoire vacille… 
Hier, dimanche, tu as passé une journée délicieuse, une de ces journées qui à peine entamées, ont déjà le parfum doux-amer de celles qui ne reviendront plus. Le goût de la nostalgie avant même d’être achevées. 
Parce qu’hier tu as passé ta journée avec un vieil homme au regard doux et tendre qui a, simplement oublié qu’il te connaissait avant. Parce qu’hier tu as fait comme si tout était normal… Après tout, personne n’est inoubliable. Parce que toi, tu le connais bien : combien de fois est-il venu chez toi alors que sa fille, ton amie, habitait la maison où tu vis aujourd’hui. Mais lui a oublié qu’à chaque fois qu’il venait, parler aux roses, remettre les bulbes en place, organiser les platebandes, tailler quelques branches des arbres dans le jardin d’en face, il finissait toujours par prendre un verre sur ta terrasse. 
Parce qu’il s’appelle Georges, toi tu t’es souvent amusée à l’appeler monsieur Georges juste, pour le plaisir de le voir t’offrir un sourire. Pour l’entendre rire ou le sentir presque rougir. Mais de ça il ne se souvient pas. Après tout, quelle importance ? C’était juste un jeu entre vous. 
Parce qu’hier tu as échangé avec lui comme si vous veniez de faire connaissance. Quelque part ça t’arrangeait : tu étais comme neuve pour lui. Parce que Georges oublie au fur et à mesure. Sa mémoire ne s’encombre plus de souvenirs. Il laisse ça aux autres. Aux autres aussi le poids des choses de la vie. Après tout, il faut bien, qu’il y ait quelques avantages. Parce que pour Georges le cours du temps ne veut plus rien dire du tout. Et que s’il fait ciel bleu aujourd’hui, il voit le printemps arriver. Après tout, un printemps qui s’installe le dernier dimanche de janvier, ça ne peut pas faire de mal. 
Oui hier dimanche, tu as passé une journée délicieuse, une de ces journées qui à peine entamées ont déjà le parfum doux-amer de celles qui ne reviendront plus. Le goût de la nostalgie avant même d’être achevées.

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