Il m'appelle alors que je viens tout juste de quitter le boulot et que je m'installe dans la voiture.
Il a l'air tellement heureux que je n'ai pas envie de le couper.
- Tu sais ce qui m'arrive, j'ai reçu une brochure pour faire sport-études…
Sa voix est fébrile.
- Tu te rends compte, ce serait inespéré…
Il ne me laisse pas le temps de lui répondre que ça doit venir des fichiers de la Fédération française de Tennis et que c'est une erreur d'aiguillage.
- Voilà un truc qui me plairait grandement.
Où est-il est allé cherché ce grandement ? Mais j'aime tellement la façon dont il le prononce.
- Evidemment c'est très cher mais pour moi ce serait une vraie opportunité…
Je m'interroge sur le sens qu'il met dans cette vraie opportunité. Lui qui a parfois tant de mal avec le vocabulaire est pourtant parfois capable de me surprendre avec des termes que je ne lui soupçonnerais même pas.
- Tu imagines… un lycée où je pourrais étudier et jouer au tennis en même temps pour en faire mon métier ! Quel pied !
Un pied de nez, c'est ça : même à 20 kilomètres de là, je vois son sourire qui me ferait faire n'importe quoi.
Il faut que je coupe court, ce rêve n'est pas pour lui, ce rêve n'est pas pour moi. J'ai mal au cœur. J'ai mal au ventre. Je prends mon élan mais il me devance. Il a toujours un métro d'avance sur moi.
- En fait j'ai bien lu. Ils ont écrit que c'est pour ceux qui passent un bac général.
Je n'aime pas mon silence. J'aimerais dire quelque chose d'intelligent.
- … et donc c'est pas pour moi… C'est dommage mais c'est comme ça.
Sa voix est redevenue normale.
C'est injuste, c'est dégueulasse mais il a raison, c'est comme ça.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
J'aime quand vous me laissez vos commentaires...