Certaines vies me semblent parfois peu enviables.
Par exemple, mon voisin d'en face vit comme enfermé. Volets fermés ou entrebâillés : je n'ai dû voir ses fenêtres ouvertes qu'une fois, le jour où il a emménagé. Je ne peux pas les rater, elles sont situées juste en face de celles de ma chambre et de ma salle de bains.
Alors j'imagine certaines choses.
Cet homme passe son temps enfermé dans un petit deux pièces sombre et noir.
Il vit seul. Peut-être délaissé à force de ne pas avoir su aimer.
Il survit à coup de nourriture sous-vide qu'il avale devant de petits téléfilms.
Aucune touche personnelle autour de lui. Aucune photo. Le dénuement affectif.
Derrière ses volets, il guette, il épie. Les passantes. Les voix des unes et des autres. Il est à l'affût de celle qui fera un faux pas, qui trébuchera et qu'il pourra alpaguer.
Quand il n'est pas derrière ses volets, il est assis devant son ordinateur. Il traque, observe, cherche, fouine. Le regard fixé sur un écran, il lit la vie des autres en poursuivant des chimères perdues.
Lorsqu'il sort de sa tanière, il évite les rencontres, il fuit les regards. Les sympathies. L'humanité.
Nul ne le connaît parce qu'il est invisible.
Mon voisin d'en face vit enfermé : il n'existe pour personne. Même pas pour moi.
Et si il te lisait ton voisin...?
RépondreSupprimerMon voisin peut me lire sans aucun problème : seuls des volets fermés ont inspiré ce billet. La vie et mon imagination ont fait le reste. D'ailleurs je crois bien qu'il s'agit d'une voisine...
RépondreSupprimerEt si ton voisin(e) recevait un paquet avec tes délicieuses Lasagnes, ouvrirait-il (elle) ses volets ?
RépondreSupprimer(Triple réflexion concaténée sur tes 3 derniers Posts)