Perpétuelle sucrerie. © LindaSan |
Quand j'ouvre mes fenêtres ce matin, l'odeur sucrée qui monte de la ville me donne envie de remettre à la une ce billet d'octobre dernier.
On a parfois des idées toutes faites.
Par exemple, moi, j'ai longtemps cru que la betterave était forcément rouge, de cette nuance un peu cramoisie, presque pourpre.
Que sa forme était un petit dé parfaitement calibré comme ceux qui nous attendaient dans nos assiettes à la cantine et que mon grand frère détestait par dessus tout.
Que son eau de cuisson était la panacée pour teindre en violet les chemises de grand-père que j'achetais - c'étaient mon époque baba cool - aux Puces de Clignancourt.
Les années se sont écoulées...
Avec la maturité, la betterave rouge et moi, nous sommes devenues familières. La crapaudine. La noire plate d'Egypte. La longue rouge noire des vertus. Cuite à l'eau. En papillote au four. Râpée crue. Et même en carpaccio - ce qui revient simplement à la découper en tranches fines presque translucides...
Un jour, ma vie a basculé : je me suis installée en Beauce.
La Beauce, l'autre pays de la betterave.
J'ai découvert les terrils de pierres beiges surgissant mystérieusement aux premiers jours de l'automne le long de champs dévastés.
Les énormes camions qui sillonnent les routes brouillardeuses à des cadences d'enfer.
Les plaques de terre collante plus glissantes que le verglas de l'hiver.
Les vapeurs doucereusement sucrées de l'immense alambic planté au bord de la ville.
Et surtout cette campagne sucrière interminable qui mène tout droit de la fin de l'été au cœur de l'hiver.
Alors quand j'ai fermé mes volets tout à l'heure, j'ai humé, reniflé... Je n'ai eu aucun doute : la sucrerie crachait dans la nuit humide.
Demain, c'est plié : je sors mes affaires d'hiver.
© LindaSan |
© LindaSan |
Moi beauceronne l'odeur de la sucrerie me plaît...
RépondreSupprimerTrès joli texte
RépondreSupprimerDanièle M
Je sais c'est banal... mais merci.
SupprimerNON, encore un peu trop tot pour les affaires d'hiver, profitons un peu de la douce tiedeur de ce début d'automne
RépondreSupprimerIsa