Semaine impaire = semaine sans enfants.
Ce soir, en rentrant du boulot, j'ouvre ma boîte mail. Chic, deux messages de ma petite collégienne. Je souris pour de vrai. Si ma fille m'écrit, c'est qu'elle pense (un peu) à moi. Même si le (aucun objet) en objet n'est pas forcément engageant.
Tant pis, j'ouvre le premier message : une grande photo d'elle s'affiche sur mon écran d'ordinateur. Je ne reconnais pas le décor. Ce doit être pendant les vacances, elle a la peau dorée, une quantité phénoménale de tâches de rousseur, le petit short à fleurs que je lui ai acheté l'année dernière et une énorme glace italienne. Elle prend la pose devant une ardoise de restaurant où, curieusement, son prénom est inscrit à la manière d'un plat du jour...
Je ne sais pas trop pourquoi, ou plutôt si certainement parce que je la connais bien, je ressens qu'elle n'est pas vraiment à l'aise face à l'appareil. Elle a les pieds un peu en dedans, elle manque de naturel. Je n'aime pas cette photo, je suis face à une étrangère. J'aurai peut-être plus de chance sur le second message.
Encore une pièce jointe. Encore un cliché d'elle. Cette fois, je localise. Elle a été prise dans un village non loin d'ici, un week-end qu'elle passait avec son père. Elle m'a raconté depuis la fête, le Far West reconstitué pour l'occasion, les attaques de cowboys, le saloon, les trappeurs... Est-ce un hasard si elle portait ce jour-là une chemise en denim et une tresse ? Elle ressemble à une petite squaw. J'aime tant quand elle sourit ainsi, les fossettes qui dessinent des guillemets au coin de ses lèvres, la flamme qui danse dans ses yeux : elle pétille, ma petite bouille d'amour. Et elle me manque. Je cherche le message qu'elle aura forcément joint à ces photos. Je clique et je reclique pour attraper trois mots et deux points d'interrogation :
- Bonjour ça va ??
Et sa signature en dessous.
C'est plié. Pas un bisou, pas un je t'embrasse, pas même un je te kiffe maman comme dans la lettre envoyée de colonie cet été.
Mes yeux prennent le large, loin, hypnotisés par deux photos qui me parlent de la vie que de ma fille mènent loin de moi. Heureusement la sonnerie du téléphone se charge de me ramener sur la terre ferme.
- Oui madame, je suis bien Mme Trucmuche...
Tout en répondant à la voix venue d'ailleurs, je capte soudain sur mon écran deux informations capitales :
1. Ma fille n'a pas écrit qu'à moi.
2. Elle s'est connectée à 17h47 pour le premier mail et à 18 h 00 pour le second.
- Non madame, je n'ai pas l'intention de changer mes fenêtres...
Sur le point n°1, impossible de cacher ma déception : il faudra que je lui demande en quelle position je figure dans sa liste de diffusion qu'elle a pris le soin de cacher comme je lui ai appris.
- ... écoutez je suis locataire...
Quant au point n° 2, je connais son emploi du temps (presque) par cœur : le mardi soir, il y a orchestre... Il va donc falloir qu'elle m'explique pourquoi elle a raté la répétition.
La prochaine semaine paire s'annonce riche en discussions...
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