Tout à l'heure, entre deux averses, sur la route du retour...
D'habitude je m'arrête toujours. Je me dis qu'avec deux cars par jour, ceux qui le ratent n'ont vraiment pas de chance. La seule solution, à part la marche et ça fait loin, c'est de tendre le pouce.
Alors je suis compatissante et je stoppe quand j'aperçois leur silhouette sur le bord de mon chemin.
Ce ne sont jamais les mêmes, un peu comme dans un inventaire à la Prévert : celui qui va travailler, celle qui part en week-end, celui qui va acheter des cigarettes, celle qui cherche du travail, celui qui va passer son permis, celui qui a perdu son permis, celle dont je n'ai pas compris un seul mot, celui qui m'a salué d'un "que Dieu te bénisse", ceux qui sont deux, celui qui sent le curry, celle qui ne fait rien, celui dont la femme vient d'accoucher, celle qui va se marier, celui qui vient de déménager, celle qui revient du marché...
Mais là, aujourd'hui, c'est vrai que vue de loin, la tête du gars n'est pas franchement engageante. Il attend juste après le rond-point, planté, les jambes un peu écartées, le torse bombé. Environ 1,85 m d'arrogance. Une sale gueule. Je ne sais pas pourquoi, l'expression m'est venue comme ça.
Alors que je commence à lever le pied pour m'arrêter, j'ai comme une intuition.
Je sens le gars qui me dévisage.
Je suis seule dans ma voiture. Aucun passager.
Je le sens me scruter. Un sentiment désagréable. Comme de l'angoisse.
Non je ne m'arrêterai pas. Pas cette fois. Pourquoi ?
Quand je passe à sa hauteur, par la vitre entrouverte, j'entends :
- Connasse...
Une voix rageuse, amère... J'appuie sur l'accélérateur. J'ai hâte qu'il disparaisse de mon rétroviseur.
On vous comprend aisément ! Merci pour ces bribes de vie éparpillées ici, c'est vraiment plaisant à découvrir...
RépondreSupprimerOups, l'URL de mon site a eu un problème...
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