Dans la salle d'attente du médecin, tout à l'heure...
Non je ne suis pas malade, je viens juste chercher un renouvellement d'ordonnance et j'attends mon tour qui n'est pas mon tour puisque je dois essayer de passer entre deux, ou plutôt entre plusieurs qui s'avèrent être nombreux.
Sur la table basse, quelques vieux Paris Match et Express faméliques : ils ne donnent plus envie, les pauvres, cornés, usés, contaminés à force d'être feuilletés...
Face à l'ennui qui menace, je me replie vers mes deux voisines en veine de confidences chuchotées suffisamment fort pour que mon oreille se tende. Discrète, mon oreille, surtout que l'une des deux, une brunette, a des yeux ... fatigués ? brouillés ? gonflés ? Elle aurait pleuré que ça ne m'étonnerait pas. Pourtant, et de façon manifeste - son bronzage étant presque aussi éclatant que le mien - elle revient de vacances. Comme moi.
- ... Tu te rends compte, je rentre ce matin et la nouvelle collègue, elle me dit comme ça : "J'ai entendu des bruits de chiotte qui courent sur toi".
Elle a l'air ému la jolie brune.
Elle a pleuré, maintenant j'en suis sûre.
- ... tout de suite je me suis demandé de quoi elle pouvait bien parler... mais franchement je ne m'y attendais pas ... elle me dit comme ça : "Il paraît que tu vas être virée..."
Et rien que de prononcer cette phrase, elle a les larmes aux yeux.
Sa copine, gentiment, lui caresse la main, mais elle la laisse raconter, aller au bout de son histoire.
- ... elle avait l'air tellement détachée que j'ai cru qu'elle plaisantait... mais non, elle me dit : "... il paraît qu'on t'accuse d'avoir volé des fournitures..." ... tu te rends compte, moi ? une voleuse ? Alors je lui ai demandé : "... mais qui m'accuse ? Et tu sais ce qu'elle me répond : "Beh, Machin et Truc, tu sais les deux gars des entrepôts, et puis Bidule aussi qui travaille à la logistique... il paraît qu'on t'a aperçue avec des cartons..."
Les larmes coulent vraiment sur ses joues et moi je commence à avoir mal aussi. Sa copine l'interrompt :
- ... mais tu les connais au moins Machin, Truc et Bidule ?
Elle a l'air tellement bouleversé. Vraiment, je souffre avec elle.
- ... non, je ne les ai jamais vus mais la nouvelle collègue, elle, elle les connaît bien. Et tu sais ce qu'elle a fini par me dire : "... en tout cas, et il n'y a pas qu'eux, il paraît que tu vas être virée..."
Je pense très fort dans ma tête :
- Quelle garce cette nouvelle collègue !J'ai bien envie de me pencher vers elle, et moi aussi, de lui prendre la main. Elle me révolte carrément la collègue avec ses "il paraît que...".
D'ailleurs, la copine est du même bord que moi :
- ... mais tu ne vas pas la croire quand même ?
C'est vrai ça, elle ne va pas la croire quand même. J'opine du chef.
- ... quelles preuves elle a ? Zéro preuve elle a : tu le sais bien que tu n'es pas une voleuse...
Pas de preuve et la conviction que...
- ... oui mais...
- ... écoute, il n'y a pas de "mais" : tout ce qu'elle sait te dire, cette garce de collègue, c'est des "il paraît que...". C'est pas des preuves ça.
C'est bien parlé, ça ma belle ! Pour preuve la brunette écoute. Elle se redresse. Elle commence à y croire.
C'est le moment, j'y vais, je me lance. A mon tour.
- ... t'inquiète pas, on va se la faire, toutes les trois...
Elles me regardent, l'air un peu interloqué ?
Mais, moi je suis partie. J'ai enfourché mon fier destrier...
Mon cheval de bataille.
- ... t'inquiète pas, on va lui tordre le cou à la mère la rumeur...
C'est vrai quoi... je déteste les rumeurs.
Tu as raison...
RépondreSupprimerHaro sur la rumeur...
Savoir se taire si on ne fait que supposer... un grand art que peu possède !
RépondreSupprimerNe jamais laisser courir une rumeur : elle gonfle inévitablement avant de s'étouffer.
Alors laissons la s'étouffer... de rire !
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