Si je devais faire un vœu pour cette année 2014…
Alors je souhaiterais que
je puisse écrire comme j'en ai envie
les arbres ne perdent plus leurs feuilles
il fasse beau en décembre
l'essence soit moins chère
tous les enfants aiment l'école
il y ait du travail pour ceux qui en cherchent
mon compte en banque soit toujours positif
je perde du poids
le chien obéisse à la lettre
mes enfants aussi
le chat mange le poisson rouge
j'achète une maison qui me ressemble
ma grande histoire d'amour rime avec toujours
tout le monde ait le sourire
je puisse écrire à loisir
mon grand se mette à aimer l'anglais
la piscine soit ouverte plus tard le soir (ou plus tôt le matin)
ceux que j'aime soient en pleine forme
ceux qui m'aiment aussi
mon horoscope qui dit que c'est mon année soit le bon
et que celui qui me prédit des embûches raconte n'importe quoi
ma voisine me dise enfin bonjour le matin
les voitures roulent moins vite
ma chipie range sa chambre
j'aille à la mer au moins deux fois dans l'année
à la montagne aussi
je puisse écrire quand j'en ai envie
on fasse une grande fête un jour en avril...
Et la liste est loin d'être finie...
Mais vous aussi vous pouvez faire un vœu.
Alors, s'il vous plaît, faites le !
mardi 31 décembre 2013
lundi 30 décembre 2013
Poisson de décembre
Quelques jours plus tard - alternance oblige -, nous fêtons Noël en décalé à la maison.
Deux semaines plus tôt, nous avons tenu le conseil de famille nécessaire pour mettre au point notre soirée. Le thème, hormis Noël évidemment, était que "chacun fait quelque chose et tout le monde participe".
- Moi je prépare des verrines…
- … et moi je vous fais de belles assiettes de foie gras avec une petite salade…
- … j'ai une recette de poularde en croûte de sel …
- … un vrai gratin dauphinois …
- Et le dessert ? Qui s'occupe du dessert ?
- Tu veux pas nous faire une tarte au citron ?
- Ah non, une tarte aux framboises…
- … je prends le dessert…
- Mais avec la poularde, ça ne te fait pas trop ?
- Ne t'inquiète pas, ça ira très bien… (entre parenthèses, avec lui, je m'inquiète de moins en moins)
Et comme j'ai toujours des idées lumineuses, je n'ai pu m'empêcher de rajouter :
- … et ce qui serait encore mieux, c'est qu'en plus on se fasse un cadeau d'assiette !
- … bah c koi ?
Le principe que j'édicte étant un cadeau d'une valeur de moins de 2 € valable pour tout le monde = un cadeau par personne à table.
- … beh j'sais pas moi ce que je vais pouvoir trouver.
- C'est rigolo comme truc...
- J'n'ai pas d'idée...
- Moi j'en ai une !
Et nous nous sommes quittés sur ces supputations.
Nous sommes donc le fameux soir. L'ambiance est douce et détendue.
Une fois le traditionnel échange de "vrais" (et beaux) cadeaux, l'apéritif et ses fameuses verrines consommés, nous passons à table. Je réalise que je n'ai pas dû être assez explicite dans mes consignes.
1. Mon grand a déposé sur chaque chaise un petit paquet… l'assiette, l'assise : le vocabulaire peut prêter parfois à confusion.
2. Mon amoureux a placé à côté de chacune de nos trois assiettes une surprise… j'avais pourtant dit un par personne.
3. Moi j'ai respecté à la lettre ma propre consigne, ce qui signifie que je m'entends bien avec moi-même et c'est un grand progrès.
4. Ma chipie me demande d'une voix… indéfinissable où je compte m'asseoir avant de disparaître dans sa chambre.
Je la rappelle à l'ordre d'un :
- … mais nous passons à table !
Son frère ricane sous cape.
- Et voilà mon cadeau d'assiette…
En train d'admirer la superbe assiette de foie gras posée devant moi, je lève la tête et découvre posé devant moi, un bocal rempli d'eau dans laquelle évolue un … poisson rouge !
- C'est une bonne idée, non ? Tu dois être contente…
Le sourire est malicieux. Et délicieusement insolent.
En septembre dernier, alors que ma petite chipie me réclamait à corps et à cris le poisson rouge que j'avais promis fort malencontreusement avant les vacances, nous avions accueilli un chaton. Je pensais avoir clos l'histoire du poisson rouge d'un :
- Un chien, un chat, je trouve que c'est largement suffisant.
Manifestement pas elle.
- Moi je prépare des verrines…
- … et moi je vous fais de belles assiettes de foie gras avec une petite salade…
- … j'ai une recette de poularde en croûte de sel …
- … un vrai gratin dauphinois …
- Et le dessert ? Qui s'occupe du dessert ?
- Tu veux pas nous faire une tarte au citron ?
- Ah non, une tarte aux framboises…
- … je prends le dessert…
- Mais avec la poularde, ça ne te fait pas trop ?
- Ne t'inquiète pas, ça ira très bien… (entre parenthèses, avec lui, je m'inquiète de moins en moins)
Et comme j'ai toujours des idées lumineuses, je n'ai pu m'empêcher de rajouter :
- … et ce qui serait encore mieux, c'est qu'en plus on se fasse un cadeau d'assiette !
- … bah c koi ?
Le principe que j'édicte étant un cadeau d'une valeur de moins de 2 € valable pour tout le monde = un cadeau par personne à table.
- … beh j'sais pas moi ce que je vais pouvoir trouver.
- C'est rigolo comme truc...
- J'n'ai pas d'idée...
- Moi j'en ai une !
Et nous nous sommes quittés sur ces supputations.
Nous sommes donc le fameux soir. L'ambiance est douce et détendue.
Une fois le traditionnel échange de "vrais" (et beaux) cadeaux, l'apéritif et ses fameuses verrines consommés, nous passons à table. Je réalise que je n'ai pas dû être assez explicite dans mes consignes.
1. Mon grand a déposé sur chaque chaise un petit paquet… l'assiette, l'assise : le vocabulaire peut prêter parfois à confusion.
2. Mon amoureux a placé à côté de chacune de nos trois assiettes une surprise… j'avais pourtant dit un par personne.
3. Moi j'ai respecté à la lettre ma propre consigne, ce qui signifie que je m'entends bien avec moi-même et c'est un grand progrès.
4. Ma chipie me demande d'une voix… indéfinissable où je compte m'asseoir avant de disparaître dans sa chambre.
Je la rappelle à l'ordre d'un :
- … mais nous passons à table !
Son frère ricane sous cape.
- Et voilà mon cadeau d'assiette…
En train d'admirer la superbe assiette de foie gras posée devant moi, je lève la tête et découvre posé devant moi, un bocal rempli d'eau dans laquelle évolue un … poisson rouge !
- C'est une bonne idée, non ? Tu dois être contente…
Le sourire est malicieux. Et délicieusement insolent.
En septembre dernier, alors que ma petite chipie me réclamait à corps et à cris le poisson rouge que j'avais promis fort malencontreusement avant les vacances, nous avions accueilli un chaton. Je pensais avoir clos l'histoire du poisson rouge d'un :
- Un chien, un chat, je trouve que c'est largement suffisant.
Manifestement pas elle.
jeudi 26 décembre 2013
Recette de réveillon
Sa question me prend au dépourvu. Je n'ai peut-être pas envie d'y répondre. Pourquoi est-ce qu'elle me demande ça ? Et pourtant, en y réfléchissant, cela m'est venu comme ça.
Un goût d’amertume, un parfum de tristesse, une pointe de regret, un spectacle désolant ? C’aurait pu être un peu de tout ça à la fois.
Mais finalement c’est comme tout, c’est ce que l’on en fait. C’est ce que l’on y met.
Ça peut être tout autrement. De la douceur, de la chaleur et un je ne sais quoi de pétillant. Un goût délicat, une saveur différente.
Une recette que l’on teste, une recette que l’on aime : bulles de champagne, tendres confidences, jolis fous rire. Ma mère et moi, tout simplement.
mercredi 25 décembre 2013
Le parfum
Je roule sur les quais de Seine tout à l'heure. Sur une série de panneaux publicitaires, cette photo d'un homme qui pose pour Eau Sauvage de Dior.
Eau Sauvage. C'était le parfum de mon père. Je m'en souviens comme si c'était hier. Combien de fois l'ai-je croisé au gré d'une effluve, dans la rue, au cinéma, au boulot… Sur des peaux étrangères, des visages inconnus, des anonymes jamais revus. A chaque fois, la magie opère : je peux fermer les yeux et le revoir assis à la table du petit déjeuner devant sa tasse de café. Il venait de prendre sa douche, se raser et il sentait tellement bon. Même la tête du chien qu'il avait caressée sentait Eau Sauvage.
Ma grand-mère portait L'Heure Bleue de Guerlain. Pour mon nez, il évoque une vieille dame élégante. Lorsque ma cousine l'a choisi, j'ai eu le sentiment qu'elle revêtait un déguisement.
Ma tante aimait L'Eau de Guerlain. J'en ai conservé une bouteille presque vide qui embaume encore et, à la manière d'Aladin, fait ressurgir une silhouette fantomatique et fugace que moi seule entrevoit.
Ma mère portait et porte toujours l'Eau de Rochas, je n'imagine pas d'autre parfum sur elle. Ma sœur, l'Eau d'Hermès, aux tonalités discrètes comme elle.
Il est des parfums que je n'ai jamais aimés. Trop forts, trop puissants au point d'en être écœurants. Habit Rouge de Guerlain sans doute à cause de celui qui le portait. Opium de Yves Saint-Laurent, curieux souvenir des femmes en train de se maquiller dans les trains de banlieue au petit matin. Un Kenzo androgyne aux senteurs paraît-il marines et que j'ai toujours trouvé entêtant.
Et moi ? J'en ai beaucoup changé. Au gré des épisodes du chemin. Mon grand frère m'avait offert Cristalle de Chanel, c'était mon premier vrai parfum. J'ai aimé ensuite le n° 19 que je trouvais plus femme et qui me donnait l'impression d'avoir grandi. Et puis Jicky de Guerlain, l'Eau d'Hadrien d'Annick Goutal. Depuis deux ans, j'ai fait Escale à Pondichéry, chez Dior…
Le parfum… histoire amoureuse entre toutes.
Eau Sauvage. C'était le parfum de mon père. Je m'en souviens comme si c'était hier. Combien de fois l'ai-je croisé au gré d'une effluve, dans la rue, au cinéma, au boulot… Sur des peaux étrangères, des visages inconnus, des anonymes jamais revus. A chaque fois, la magie opère : je peux fermer les yeux et le revoir assis à la table du petit déjeuner devant sa tasse de café. Il venait de prendre sa douche, se raser et il sentait tellement bon. Même la tête du chien qu'il avait caressée sentait Eau Sauvage.
Ma grand-mère portait L'Heure Bleue de Guerlain. Pour mon nez, il évoque une vieille dame élégante. Lorsque ma cousine l'a choisi, j'ai eu le sentiment qu'elle revêtait un déguisement.
Ma tante aimait L'Eau de Guerlain. J'en ai conservé une bouteille presque vide qui embaume encore et, à la manière d'Aladin, fait ressurgir une silhouette fantomatique et fugace que moi seule entrevoit.
Ma mère portait et porte toujours l'Eau de Rochas, je n'imagine pas d'autre parfum sur elle. Ma sœur, l'Eau d'Hermès, aux tonalités discrètes comme elle.
Il est des parfums que je n'ai jamais aimés. Trop forts, trop puissants au point d'en être écœurants. Habit Rouge de Guerlain sans doute à cause de celui qui le portait. Opium de Yves Saint-Laurent, curieux souvenir des femmes en train de se maquiller dans les trains de banlieue au petit matin. Un Kenzo androgyne aux senteurs paraît-il marines et que j'ai toujours trouvé entêtant.
Et moi ? J'en ai beaucoup changé. Au gré des épisodes du chemin. Mon grand frère m'avait offert Cristalle de Chanel, c'était mon premier vrai parfum. J'ai aimé ensuite le n° 19 que je trouvais plus femme et qui me donnait l'impression d'avoir grandi. Et puis Jicky de Guerlain, l'Eau d'Hadrien d'Annick Goutal. Depuis deux ans, j'ai fait Escale à Pondichéry, chez Dior…
Le parfum… histoire amoureuse entre toutes.
mardi 24 décembre 2013
Je me souviens...
Je venais de lui écrire cette carte de vœux…
« Evidemment mes vœux pour vous concernent votre santé,
vous vous en doutez, et j’espère que 2014 sera pour vous l’année de tous les
redémarrages. Je serai heureuse d’avoir de vos nouvelles… »
Mon téléphone a ensuite sonné et je me suis demandé qui
venait ainsi me déranger, un 24 décembre à près de midi alors que j'étais sur le départ.
- Bonjour, je suis madame T.
J’ai tout de suite compris pourquoi elle m’appelait.
- Mon mari m’avait demandé de vous prévenir personnellement.
Depuis 2005, nous avions fait 6 bouquins ensemble, lui et moi. Ce n'est pas peu !
En 2009, j'avais réalisé pour lui son "Je me souviens… (suite)", inspiration libre de Georges Pérec et Joe Brainard. Un recueil de 480 souvenirs vrais que j'avais adoré lire et où j'avais découvert qu'il aimait en vrac les Beatles, le cyclisme, le parfum du mimosa, Marylin Monroe, la Nouvelle Vague, François Mitterrand, sa grand-mère, Antoine de Caunes… et tant d'autres choses.
Moi je l'aimais pour son verbe acéré, son humour pince sans rire et ses manuscrits toujours préparés avec soin. Il était tatillon, parfois pénible mais toujours reconnaissant de ce que j'avais fait pour lui. Il m'a transmis le virus du "tout le monde a le droit de se faire plaisir en publiant un livre sur lequel aucun éditeur ne miserait une bille…"
Je lui dois une grande part de ce que j'entreprends aujourd'hui.
Je me souviens que, dans le dernier message que je lui avais envoyé il y a peu, je lui avais enfin avoué qu'il était mon auteur préféré. Il m'avait répondu qu'il en était flatté mais que j'en aurai bien d'autres...
Alors pour reprendre l'exergue de l'un de ses livres, la vie continue.
lundi 23 décembre 2013
Les goûts et les couleurs
Je suis habillée comme l’as de pique. Tiens d’ailleurs, le
gars que je viens de croiser dans le couloir – je ne l’ai jamais vu celui-là – il m’a regardée
bizarrement. Il a raison : ce pull bleu est trop petit. J’ai l’impression
d’éclater dedans. C’est quoi le terme déjà : ajusté ? Oui c’est ça,
ajusté, et bien chez moi, cela veut dire plus que juste.
Je vais me planquer dans mon bureau. Ne pas en sortir. Le
moins possible. Si on m’appelle, je ne réponds pas ou alors je demande que l’on
vienne me voir.
Et puis le pantalon, pourquoi j’ai mis ce pantalon ?
Quelle idée ! Déjà au départ il est moche, mais sur moi il est archi
moche. Comme dirait ma chipie : « ton pantalon de dadame… »
Pourquoi je n’ai pas mis le noir qui était sorti, tout beau,
tout propre, tout bien repassé ? Il me fait une ligne impeccable.
Et les bottes bleues, j’aurais pu m’en passer. En plus ce
n’est pas du tout le même bleu que le haut.
Si je m’écoutais, je filerais chez moi me changer. Cela me
prendrait trois quarts d’heure, une petite heure maximum, et au moins je
travaillerais l’esprit serein.
Flûte le téléphone qui sonne.
- … comment ça… ok j’arrive…
Je regarde à gauche à droite, je fonce dans le couloir.
Mince, revoilà le gars. Il est joli son pull violet, bel effet avec les
cheveux gris.
M… ! Il est accompagné et son alter ego, en revanche,
je le connais...
- Bonjour, ça va ?
Je vais passer très vite mon chemin, prendre l’air pressé.
- … b’jour … ça va…
J’entends mon prénom. Je rentre la tête dans mon col roulé
bleu et j’aperçois le bout de mes bottes bleues, mon pantalon qui godille dessus. Que c’est moche !
Je suis moche.
Désolée les gars si je ne m’arrête pas, je suis moche
et débordée.
Vivement ce soir – je pense dans ma petite tête – j’enlèverai
ces oripeaux et je redeviendrai celle que je suis habituellement.
Mais on m’appelle, on me poursuit. Oh non… on insiste et je dois faire
marche arrière.
- Bonjour monsieur…
Celui que je connais me sourit :
- …avec monsieur Violet, on parlait de la couleur de ton
pull … qui, d’ailleurs, te va très bien…
Monsieur Violet opine du chef. Quel imbécile !
- …oui surtout qu’avec vos bottes, c’est vraiment joli…
Je n’y crois pas une seconde : ils se moquent de moi ou quoi ? Ils ne vont pas tarder à me parler du pantalon.
- … d’ailleurs tu devrais t’habiller plus …
N'importe quoi ! S'ils savaient !
- … souvent comme ça…
Je tourne les talons. Dès que je rentre chez moi, je me change et je bazarde le pull et le pantalon.
Comme on dit déjà : les goûts et les couleurs...
dimanche 22 décembre 2013
Mes visiteurs du soir
Ils se sont invités à dîner…
Le repas est fini, ils ont dévoré et j'écris ces quelques phrases alors qu'elle relit, allongée sur le canapé, Alabama Blues, et qu'il est train de gagner son premier set dans un match de tennis sur la console de jeu.
II fait délicieusement bon.
C'est un dimanche soir entre douces parenthèses.
J'ai mes visiteurs du soir.
Le repas est fini, ils ont dévoré et j'écris ces quelques phrases alors qu'elle relit, allongée sur le canapé, Alabama Blues, et qu'il est train de gagner son premier set dans un match de tennis sur la console de jeu.
II fait délicieusement bon.
C'est un dimanche soir entre douces parenthèses.
J'ai mes visiteurs du soir.
samedi 21 décembre 2013
Réminiscence
Quand j'entre dans la maison, je sens un parfum tout droit venu de l'enfance.
Une odeur sucrée et beurrée, avec une pointe de cannelle. Celle d'une fournée de petits sablés en train de dorer tranquillement dans le four tandis que les lumières du sapin clignotent et que le feu danse dans la cheminée. J'entends ma mère qui chantonne dans la cuisine au milieu du désordre de ses casseroles. Sur la grande table de la salle à manger s'empilent déjà les assiettes du beau service en porcelaine, les verres brillants que l'on ne sort du buffet qu'exceptionnellement et les bouteilles de bon vin que mon père a remontées de la cave. Et nous les enfants, nous nous agaçons dans les chambres en haut de l'escalier.
Cela dure un instant très court et la réminiscence explose comme une bulle de savon: il n'en reste presque rien de visible.
A peine une larme sur la joue.
Une odeur sucrée et beurrée, avec une pointe de cannelle. Celle d'une fournée de petits sablés en train de dorer tranquillement dans le four tandis que les lumières du sapin clignotent et que le feu danse dans la cheminée. J'entends ma mère qui chantonne dans la cuisine au milieu du désordre de ses casseroles. Sur la grande table de la salle à manger s'empilent déjà les assiettes du beau service en porcelaine, les verres brillants que l'on ne sort du buffet qu'exceptionnellement et les bouteilles de bon vin que mon père a remontées de la cave. Et nous les enfants, nous nous agaçons dans les chambres en haut de l'escalier.
Cela dure un instant très court et la réminiscence explose comme une bulle de savon: il n'en reste presque rien de visible.
A peine une larme sur la joue.
jeudi 19 décembre 2013
Bonjour
C'est une problématique qui revient tous les matins…
Comment doit-on saluer ses collègues de travail ?
Doit-on serrer les mains les unes après les autres à chaque fois que l'on en croise une dans les couloirs ?
Personnellement je ne serre plus la main : je n'aime pas les mains molles, tièdes ou moites.
Celles que l'on vous tend comme à contrecoeur de peur que vous la gardiez pour vous.
Celles que l'on ne vous tend que parce que vous êtes accompagné juste à ce moment de la personne qui a une main, elle, qui pourrait être intéressante car toute proche de la main du saint des saints.
Je n'aime pas les mains broyeuses qui vous écrasent les articulations sous le prétexte de vous démontrer qu'elles ont sur la vôtre un avantage certain.
Je n'aime pas non plus les mains au regard fuyant.
Je n'aime pas les mains qui font leur parade systématique dans les bureaux tous les matins.
Et encore moins les mains qui oublient de vous saluer le jour où vous êtes justement seul à la machine à café.
Je n'aime pas les mains hypocrites. Les mains opportunistes. Les mains aux lèvres serrées. Les mains sans sourire. Les mains qui font la gueule.
Les mains sans mémoire qui ne mettent jamais le bon prénom sur votre main.
Personnellement je ne serre plus la main. Je dis bonjour tout simplement.
Comment doit-on saluer ses collègues de travail ?
Doit-on serrer les mains les unes après les autres à chaque fois que l'on en croise une dans les couloirs ?
Personnellement je ne serre plus la main : je n'aime pas les mains molles, tièdes ou moites.
Celles que l'on vous tend comme à contrecoeur de peur que vous la gardiez pour vous.
Celles que l'on ne vous tend que parce que vous êtes accompagné juste à ce moment de la personne qui a une main, elle, qui pourrait être intéressante car toute proche de la main du saint des saints.
Je n'aime pas les mains broyeuses qui vous écrasent les articulations sous le prétexte de vous démontrer qu'elles ont sur la vôtre un avantage certain.
Je n'aime pas non plus les mains au regard fuyant.
Je n'aime pas les mains qui font leur parade systématique dans les bureaux tous les matins.
Et encore moins les mains qui oublient de vous saluer le jour où vous êtes justement seul à la machine à café.
Je n'aime pas les mains hypocrites. Les mains opportunistes. Les mains aux lèvres serrées. Les mains sans sourire. Les mains qui font la gueule.
Les mains sans mémoire qui ne mettent jamais le bon prénom sur votre main.
Personnellement je ne serre plus la main. Je dis bonjour tout simplement.
mercredi 18 décembre 2013
Voyeuse
Je roule dans la ville…
Il y a devant moi deux camions qui s'empêchent l'un l'autre de passer. Moi j'attends, je n'ai pas vraiment le choix.
Je prends mon mal en patience.
Je regarde sur la grande esplanade située à ma gauche - ici on appelle ça un mail - et je les vois. Ils marchent tous les deux côte à côte. Ils ont l'air heureux. Il sourit, elle parle. Tout a l'air de couler de source.
Ils sont beaux.
Ils portent tous les deux le même sac à dos Eastpack, gris pour lui, turquoise pour elle.
Comme elle a grandi. Presque une jeune fille. Et lui, il a une assurance que je ne lui connais pas.
Ils avancent dans cette rue comme ils avancent dans la vie. Et je pense soudain que c'est ainsi qu'ils sont lorsqu'ils sont sans moi.
Je ressens comme un pincement au cœur. Je regarde une scène que je n'ai pas le droit de regarder.
Je me sens voyeuse.
Je regarde s'éloigner mes enfants.
dimanche 15 décembre 2013
Une vie de chat
Elle s'est endormie sur le canapé…
Totalement abandonnée. Aucun point de tension. Rien qu'à la regarder, je ressens une impression de sérénité.
Son pelage noir et blanc brille dans le rayon du soleil. Tout en contraste sur le velours rouge du canapé. On dirait une œuvre d'art. Rien qu'à la regarder, je ressens une impression de plénitude.
Elle a l'air tellement bien. Reposée. Détendue. Le bien être à l'état pur.
J'aimerais pouvoir relâcher comme elle !
- Regarde-moi ça… Cela donne envie, non ?
Je contemple mon bureau où tout s'entasse. Et plus loin dans le petit couloir, le panier de repassage qui déborde.
- … quoi ?
Il a à peine levé la tête, le nez plongé dans son bouquin.
- … regarde la minette… ça donne envie, non ?
Il ne répond pas. D'une certaine façon tant mieux, il lit un de mes livres préférés. Pourvu qu'il lui plaise... Mais je poursuis mon idée.
- J'aimerais bien mener une vie de chat…
Tous ces papiers qui m'encombrent.
- Je dormirais 18 heures par jour. Canapé, fauteuils, lit… au gré de mes envies…
En face de moi, c'est toujours le silence.
- … on me caresserait… je ronronnerais…
Il faut absolument que je trouve le temps de faire les carreaux : avec le soleil, la baie vitrée est vraiment sale. Rien qu'à la regarder, je ressens une impression désagréable.
- Je mangerais des croquettes à volonté…
Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire pour le dîner ? Des pâtes peut-être… c'est le menu idéal quand on a envie de rien faire.
- Oh oui, dans ma prochaine vie, je serai un chat…
Mais il faudra quand même les assaisonner. Sauce tomate ou crème fraiche et fromage ?
- … Et j'en profiterai… Mmmmm que ça va être bon… Une vie de chat…
- A mon avis tu regretteras ton choix !
Je suis surprise : il parle. Peut-être que finalement le livre ne lui plaît pas. Son ton me semble… comment dire… un brin sarcastique ?
- … à chaque fois que tu passeras devant ta bibliothèque…
Ma bibliothèque… elle aussi mériterait que je lui accorde un peu d'attention. Rien qu'à la regarder, je ressens une nette impression de désordre !
- … tu seras condamnée à regarder tous les livres que tu aimes en pensant amèrement : "Et dire que dans ma vie d'avant je savais lire !"
Totalement abandonnée. Aucun point de tension. Rien qu'à la regarder, je ressens une impression de sérénité.
Son pelage noir et blanc brille dans le rayon du soleil. Tout en contraste sur le velours rouge du canapé. On dirait une œuvre d'art. Rien qu'à la regarder, je ressens une impression de plénitude.
Elle a l'air tellement bien. Reposée. Détendue. Le bien être à l'état pur.
J'aimerais pouvoir relâcher comme elle !
- Regarde-moi ça… Cela donne envie, non ?
Je contemple mon bureau où tout s'entasse. Et plus loin dans le petit couloir, le panier de repassage qui déborde.
- … quoi ?
Il a à peine levé la tête, le nez plongé dans son bouquin.
- … regarde la minette… ça donne envie, non ?
Il ne répond pas. D'une certaine façon tant mieux, il lit un de mes livres préférés. Pourvu qu'il lui plaise... Mais je poursuis mon idée.
- J'aimerais bien mener une vie de chat…
Tous ces papiers qui m'encombrent.
- Je dormirais 18 heures par jour. Canapé, fauteuils, lit… au gré de mes envies…
En face de moi, c'est toujours le silence.
- … on me caresserait… je ronronnerais…
Il faut absolument que je trouve le temps de faire les carreaux : avec le soleil, la baie vitrée est vraiment sale. Rien qu'à la regarder, je ressens une impression désagréable.
- Je mangerais des croquettes à volonté…
Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire pour le dîner ? Des pâtes peut-être… c'est le menu idéal quand on a envie de rien faire.
- Oh oui, dans ma prochaine vie, je serai un chat…
Mais il faudra quand même les assaisonner. Sauce tomate ou crème fraiche et fromage ?
- … Et j'en profiterai… Mmmmm que ça va être bon… Une vie de chat…
- A mon avis tu regretteras ton choix !
Je suis surprise : il parle. Peut-être que finalement le livre ne lui plaît pas. Son ton me semble… comment dire… un brin sarcastique ?
- … à chaque fois que tu passeras devant ta bibliothèque…
Ma bibliothèque… elle aussi mériterait que je lui accorde un peu d'attention. Rien qu'à la regarder, je ressens une nette impression de désordre !
- … tu seras condamnée à regarder tous les livres que tu aimes en pensant amèrement : "Et dire que dans ma vie d'avant je savais lire !"
samedi 14 décembre 2013
Je chante
Ce soir, concert.
J'aime les répétitions dans le froid. Les angoisses des uns et des autres. L'attente qui semble interminable. Les airs que l'on se repasse en lisant les paroles. Les petits agacements du chef parce que son chœur bute toujours au même endroit. La question existentielle du qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre. La journée qui défile avec l'excitation qui monte. Le temps qu'il va falloir trouver pour ranger le classeur. L'interdiction de parler et le téléphone qui, justement, n'arrête pas de sonner. Les fou-rire nerveux incontrôlables. La partition introuvable. Mince j'aurais dû aller chez le coiffeur. La peur du trou noir. La fatigue des répétitions. Est-ce qu'il y aura du public. Zut je ne suis pas à côté de celle avec qui j'aime chanter. Dommage qu'on commence par ce chant. Non finalement il est bien comme ça le programme. Je croyais que j'aurais le temps de faire la sieste. Pourquoi est-ce que le temps passe si vite. Il faut que je me prépare. J'écoute une dernière fois cette mélodie que je ne sens pas. Je n'ai pas trop toussé aujourd'hui. Je fredonne les paroles. Maman tu as une belle voix. Je vais mettre cette robe. Je n'ai pas peur. Je cire mes bottes. Si j'ai le trac. Non finalement pas celles-là. La trouille. Carrément. Mais j'adore ça.
Bon sang c'est l'heure. Il faut que j'y aille.
Ce soir je chante et j'aime ça.
J'aime les répétitions dans le froid. Les angoisses des uns et des autres. L'attente qui semble interminable. Les airs que l'on se repasse en lisant les paroles. Les petits agacements du chef parce que son chœur bute toujours au même endroit. La question existentielle du qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre. La journée qui défile avec l'excitation qui monte. Le temps qu'il va falloir trouver pour ranger le classeur. L'interdiction de parler et le téléphone qui, justement, n'arrête pas de sonner. Les fou-rire nerveux incontrôlables. La partition introuvable. Mince j'aurais dû aller chez le coiffeur. La peur du trou noir. La fatigue des répétitions. Est-ce qu'il y aura du public. Zut je ne suis pas à côté de celle avec qui j'aime chanter. Dommage qu'on commence par ce chant. Non finalement il est bien comme ça le programme. Je croyais que j'aurais le temps de faire la sieste. Pourquoi est-ce que le temps passe si vite. Il faut que je me prépare. J'écoute une dernière fois cette mélodie que je ne sens pas. Je n'ai pas trop toussé aujourd'hui. Je fredonne les paroles. Maman tu as une belle voix. Je vais mettre cette robe. Je n'ai pas peur. Je cire mes bottes. Si j'ai le trac. Non finalement pas celles-là. La trouille. Carrément. Mais j'adore ça.
Bon sang c'est l'heure. Il faut que j'y aille.
Ce soir je chante et j'aime ça.
lundi 9 décembre 2013
Froidure
Envie de poésie…
J'aime ce froid qui embellit tout.
Avec ses écharpes de brume qui parent la terre brute des champs comme de longs rubans soyeux.
Les étoiles de givre scintillantes sur les toits du petit matin glacé.
Le teint de porcelaine d'un ciel timide à peine éveillé.
Les esquisses japonisantes que dessinent les nuages sur l'horizon.
Le théâtre d'ombres chinoises des arbres dénudés.
La morsure de l'hiver transforme mon paysage quelconque et familier en une contrée lointaine et mystérieuse.
J'aime le froid vif et enveloppant comme une invitation au voyage.
J'aime ce froid qui embellit tout.
Avec ses écharpes de brume qui parent la terre brute des champs comme de longs rubans soyeux.
Les étoiles de givre scintillantes sur les toits du petit matin glacé.
Le teint de porcelaine d'un ciel timide à peine éveillé.
Les esquisses japonisantes que dessinent les nuages sur l'horizon.
Le théâtre d'ombres chinoises des arbres dénudés.
La morsure de l'hiver transforme mon paysage quelconque et familier en une contrée lointaine et mystérieuse.
J'aime le froid vif et enveloppant comme une invitation au voyage.
jeudi 5 décembre 2013
Lettre ouverte à tous les parents qui ont de la chance parce que tout va toujours bien pour leur enfant…
Chers parents qui avez de la chance parce que tout va toujours bien pour votre enfant mais qui n’êtes jamais satisfaits de ce qu’il vous donne parce que vous en voulez toujours plus…
Plus d’éveil parce qu’il faut être grand tout de suite, plus de calme malgré vos stimulations permanentes, plus d’autonomie alors qu’il est encore si petit, plus de devoirs à l’école parce qu’il faut forcément réussir, plus de sport parce qu’il faut gagner avant de jouer, plus d’activités parce qu’il ne faut pas qu’il s’ennuie, plus de résultats parce que vous ne lui laissez pas le choix.
Laissez votre enfant faire des bêtises, traîner au lit, raconter des histoires, cacher ses devoirs, n’avoir envie de rien, faire la tête, s’ennuyer, rire aux éclats, pleurer à chaudes larmes, crier à tue tête, râler à tout va, chanter comme une casserole, dessiner n’importe quoi, écrire avec ses pieds, choisir ses vêtements même si cela ne vous plaît pas.
Laissez-le rêver ses rêves d'enfant.
Encouragez-le à être lui-même. Laissez lui le choix de son avenir. Soyez fier de lui même si ce n’est pas ce que vous auriez voulu pour lui. Laissez le s'épanouir. Prenez le temps de l'écouter. Foutez-lui la paix parfois aussi. Aimez-le comme il est tout simplement.
Chers parents qui avez de la chance parce que tout va
toujours bien pour votre enfant mais qui n’êtes jamais satisfaits de ce qu’il
vous donne parce que vous en voulez toujours plus, soyez juste heureux qu’il soit
votre enfant.
Et surtout, surtout profitez-en !
Signé : une maman
mardi 3 décembre 2013
En face des Restos du Cœur
La 29 e campagne des Restos du Cœur vient de démarrer…
J'habite juste en face des Restos du Cœur et cette localisation m'avait, l'an passé, inspiré un épisode.
C'est toujours au goût du jour. Malheureusement.
Pour adresser vos dons, https://dons.restosducoeur.org/?c=B2901
Site web : http://restosducoeur.org/
Facebook : https://www.facebook.com/restosducoeur
J'habite juste en face des Restos du Cœur et cette localisation m'avait, l'an passé, inspiré un épisode.
C'est toujours au goût du jour. Malheureusement.
Jeudi 3 janvier 2013
Mal au cœur…
Ce matin, il y a foule en face de chez toi.
Cela a commencé tôt.
Tu as entendu les pas pressés sur le bitume, le claquement des semelles, le chuintement mou des chaussures qui trainent.
Tu as vu les traces humides qui brillent sur le trottoir après leur passage. Aperçu les empreintes laissées au gré des flaques. Dans ta chambre qui s’aère, tu as senti l’odeur d’une cigarette allumée. Respiré la fumée sous tes fenêtres. Agité la main pour la balayer comme un mauvais souvenir.
Tu as écouté le murmure qui gonflait, comme une petite vague à dix pas de chez toi. Un genre de rumeur glissant de haut en bas. Une onde de bruit ondulant autour de toi. Des graves, des aigus, des accents parfois.
Tu savais que cela arriverait.
Tu le redoutais même parfois.
C’était l’heure. La radio venait de l’annoncer.
Même pas en retard, pile dans les temps.
Le jour était moins noir et la pluie arrêtée.
Deux ou trois fois, tu as hésité. Une caresse au chien. Baissé le chauffage.
Tu as oublié une tasse dans l’évier. Vidé ta théière.
Tu as enfilé ton manteau. Attrapé ton sac. Pris tes clés.
Tu devais y aller. Partir travailler.
Tu as senti ton cœur se serrer.
Tu as mis ton écharpe. Caché ton visage.
Tu as inspiré. Respiré. Expiré. Fermé ta serrure. Claqué ton portail. Cliqué ta voiture.
Tu as trébuché.
Ton gant s’est noyé dans le caniveau d’eau sale.
Tu as voulu le ramasser et tu t’es retournée.
Tu l’as vue. Tu l’as regardée.
De l’autre côté de la rue, la foule en face de chez toi.
Des hommes, des femmes, des enfants.
Une foule comme partout. Une foule comme ailleurs. Une foule sans âge.
La foule ordinaire d’un jeudi d’hiver, en face de chez toi.
La foule ordinaire des Restos du Cœur.
Cela a commencé tôt.
Tu as entendu les pas pressés sur le bitume, le claquement des semelles, le chuintement mou des chaussures qui trainent.
Tu as vu les traces humides qui brillent sur le trottoir après leur passage. Aperçu les empreintes laissées au gré des flaques. Dans ta chambre qui s’aère, tu as senti l’odeur d’une cigarette allumée. Respiré la fumée sous tes fenêtres. Agité la main pour la balayer comme un mauvais souvenir.
Tu as écouté le murmure qui gonflait, comme une petite vague à dix pas de chez toi. Un genre de rumeur glissant de haut en bas. Une onde de bruit ondulant autour de toi. Des graves, des aigus, des accents parfois.
Tu savais que cela arriverait.
Tu le redoutais même parfois.
C’était l’heure. La radio venait de l’annoncer.
Même pas en retard, pile dans les temps.
Le jour était moins noir et la pluie arrêtée.
Deux ou trois fois, tu as hésité. Une caresse au chien. Baissé le chauffage.
Tu as oublié une tasse dans l’évier. Vidé ta théière.
Tu as enfilé ton manteau. Attrapé ton sac. Pris tes clés.
Tu devais y aller. Partir travailler.
Tu as senti ton cœur se serrer.
Tu as mis ton écharpe. Caché ton visage.
Tu as inspiré. Respiré. Expiré. Fermé ta serrure. Claqué ton portail. Cliqué ta voiture.
Tu as trébuché.
Ton gant s’est noyé dans le caniveau d’eau sale.
Tu as voulu le ramasser et tu t’es retournée.
Tu l’as vue. Tu l’as regardée.
De l’autre côté de la rue, la foule en face de chez toi.
Des hommes, des femmes, des enfants.
Une foule comme partout. Une foule comme ailleurs. Une foule sans âge.
La foule ordinaire d’un jeudi d’hiver, en face de chez toi.
La foule ordinaire des Restos du Cœur.
Pour adresser vos dons, https://dons.restosducoeur.org/?c=B2901
Site web : http://restosducoeur.org/
Facebook : https://www.facebook.com/restosducoeur
lundi 2 décembre 2013
Lundi matin
C’est le rituel du lundi matin…
Je viens de me garer sur le parking de ma petite entreprise et j’observe l’étrange manège d’une jeune femme vêtue d’une blouse vert pomme granny smith, uniforme que l’entreprise de nettoyage (sous-traitante) impose à ses employées. Elle porte en plus de gros gants de ménage de la même couleur qui lui font des mains disproportionnées – un peu comme si elle les avait volés au géant vert – et perchée sur la pointe des pieds, elle fouille la poubelle accrochée à la clôture du parking.
- Bonjour. Vous avez perdu quelque chose ?
La jeune femme relève la tête et me regarde d’un air un peu surpris. Malgré la mauvaise blouse et ses énormes mains, elle est plutôt belle. Ce vert que je n'aime pas devient beau sur sa peau noire. Je m’imagine dans la même tenue : mon teint serait verdâtre, blême, un désastre assurément.
Je la sens décontenancée. Peut-être ai-je mis trop de vigueur dans ma question et qu'elle a pris cela pour de l'agressivité. Alors je dis sur un ton plus doux.
- Vous cherchez quelque chose ?
- Non je vide les poubelles…
D'ailleurs elle extirpe une canette de soda, une peau d'orange, un emballage de sandwich, un paquet de cigarettes, un trognon de pomme, un exemplaire de 20 minutes… qu'elle jette au fur et à mesure dans un sac noir posé à ses pieds.
Je pense qu'il existe une façon beaucoup plus normale de vider les poubelles et qui consiste à enlever le sac, le fermer et le jeter dans un container à ordures… - Pourquoi vous n'enlevez pas directement le sac ?
Elle s'arrête, un morceau de baguette mollasson dans sa main verte.
- Pas le droit.
Elle a un fort accent.
- Comment ça pas le droit ?
- Pas le droit de changer le sac. Les sacs sont trop chers. Le patron veut pas...
Je reste muette : parce que les sacs poubelles sont trop chers, une femme de ménage fouille les poubelles au lieu de les vider !
- Oui c'est comme ça tous les lundis… Bonne journée Madame.
Interloquée, je regarde la silhouette verte s'éloigner à l'autre bout du parking, son sac poubelle à la main. Elle n'a pas que ça à faire, il lui reste trois poubelles à fouiller.
Je viens de me garer sur le parking de ma petite entreprise et j’observe l’étrange manège d’une jeune femme vêtue d’une blouse vert pomme granny smith, uniforme que l’entreprise de nettoyage (sous-traitante) impose à ses employées. Elle porte en plus de gros gants de ménage de la même couleur qui lui font des mains disproportionnées – un peu comme si elle les avait volés au géant vert – et perchée sur la pointe des pieds, elle fouille la poubelle accrochée à la clôture du parking.
- Bonjour. Vous avez perdu quelque chose ?
La jeune femme relève la tête et me regarde d’un air un peu surpris. Malgré la mauvaise blouse et ses énormes mains, elle est plutôt belle. Ce vert que je n'aime pas devient beau sur sa peau noire. Je m’imagine dans la même tenue : mon teint serait verdâtre, blême, un désastre assurément.
Je la sens décontenancée. Peut-être ai-je mis trop de vigueur dans ma question et qu'elle a pris cela pour de l'agressivité. Alors je dis sur un ton plus doux.
- Vous cherchez quelque chose ?
- Non je vide les poubelles…
D'ailleurs elle extirpe une canette de soda, une peau d'orange, un emballage de sandwich, un paquet de cigarettes, un trognon de pomme, un exemplaire de 20 minutes… qu'elle jette au fur et à mesure dans un sac noir posé à ses pieds.
Je pense qu'il existe une façon beaucoup plus normale de vider les poubelles et qui consiste à enlever le sac, le fermer et le jeter dans un container à ordures… - Pourquoi vous n'enlevez pas directement le sac ?
Elle s'arrête, un morceau de baguette mollasson dans sa main verte.
- Pas le droit.
Elle a un fort accent.
- Comment ça pas le droit ?
- Pas le droit de changer le sac. Les sacs sont trop chers. Le patron veut pas...
Je reste muette : parce que les sacs poubelles sont trop chers, une femme de ménage fouille les poubelles au lieu de les vider !
- Oui c'est comme ça tous les lundis… Bonne journée Madame.
Interloquée, je regarde la silhouette verte s'éloigner à l'autre bout du parking, son sac poubelle à la main. Elle n'a pas que ça à faire, il lui reste trois poubelles à fouiller.
dimanche 1 décembre 2013
On y va ?
Elle vient de le dire : on va y aller.
J'aime bien quand elle dit ça même si parfois elle laisse passer trop de temps entre le moment où elle prononce cette phrase et celui où cela se passe vraiment.
En fait elle croit que je n'entends pas ou pire que je ne comprends pas. Parfois je me demande vraiment pour qui elle me prend. Je ne suis pas une truffe quand même.
Ah elle est repartie sur son écran. Elle s'énerve dessus, elle tape avec ses mains. Elle le fixe du regard. Plus personne n'existe. Qu'est-ce qu'elle peut bien y faire ? Elle y passe un temps fou.
Elle s'arrête. Cela veut dire que peut-être…
- Les enfants, vous êtes prêts ?
Quand elle crie comme ça, en général c'est qu'elle commence à s'agacer parce qu'elle aimerait bien y aller.
Zut, je crois qu'elle va dans sa chambre. Oh non ! Elle va trouver autre chose à faire. Je l'ai aperçue tout à l'heure, la porte était ouverte et elle aurait besoin d'un grand coup de rangement. Elle aurait pu faire ça ce matin au lieu de traîner à faire la grasse matinée. Pourvu qu'elle n'ait pas décidé de ranger là tout de suite maintenant.
Ouf, elle allait juste à la salle de bains.
Ce n'est pas vrai : elle se lave les dents maintenant. Comme si elle en avait besoin, elle les a déjà lavées ce matin.
- Les enfants…
Je crois que c'est bon : elle cherche sa veste. Si elle met la noire avec l'écharpe rayée, c'est qu'on va y aller. Je n'y crois pas, elle a reposé la noire. Oh non ! elle monte au grenier. J'entends ses pas au-dessus de moi. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour moi. Elle va passer dans les chambres des enfants. A tous les coups les lits ne sont pas faits, les bureaux totalement en vrac. Je commence à connaître. L'autre fois, ça a pris deux heures, trois sacs poubelles et quelques grincements de dents. Moralité on n'y est pas allé.
Elle est redescendue. Ah, elle a pris la veste grise, la bien chaude, pour les températures en dessous de zéro. Il ne faut quand même pas exagérer. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? On voit bien qu'elle n'est pas sortie ce matin. Ou alors elle vieillit peut-être.
Je crois qu'on va vraiment y aller cette fois. J'entends les enfants qui descendent.
Elle ouvre la porte de la cave. Si elle prend ses chaussures bleues, c'est qu'on va y aller.
Yes ! Elle a pris les bleues.
Non je rêve, le téléphone sonne. Ne répond pas ne répond pas ne répond pas ne répond pas…
Elle a répondu.
- Oui, on allait partir… On se retrouve là-bas ?
Donc on va y aller. Elle raccroche. Elle prend sa clé. Elle ne va pas m'oublier quand même…
Elle ne ferait pas ça.
- Allez, les enfants, on y va maintenant…
Je me mets devant la porte. Elle ne peut pas me rater.
- Mais pousse-toi de là… Est-ce que quelqu'un …
Elle me passera sur le corps mais elle ne partira pas sans moi.
- … pourrait aller chercher la laisse ? Mais oui ma belle on va aller se promener … On y va !
J'aime bien quand elle dit ça même si parfois elle laisse passer trop de temps entre le moment où elle prononce cette phrase et celui où cela se passe vraiment.
En fait elle croit que je n'entends pas ou pire que je ne comprends pas. Parfois je me demande vraiment pour qui elle me prend. Je ne suis pas une truffe quand même.
Ah elle est repartie sur son écran. Elle s'énerve dessus, elle tape avec ses mains. Elle le fixe du regard. Plus personne n'existe. Qu'est-ce qu'elle peut bien y faire ? Elle y passe un temps fou.
Elle s'arrête. Cela veut dire que peut-être…
- Les enfants, vous êtes prêts ?
Quand elle crie comme ça, en général c'est qu'elle commence à s'agacer parce qu'elle aimerait bien y aller.
Zut, je crois qu'elle va dans sa chambre. Oh non ! Elle va trouver autre chose à faire. Je l'ai aperçue tout à l'heure, la porte était ouverte et elle aurait besoin d'un grand coup de rangement. Elle aurait pu faire ça ce matin au lieu de traîner à faire la grasse matinée. Pourvu qu'elle n'ait pas décidé de ranger là tout de suite maintenant.
Ouf, elle allait juste à la salle de bains.
Ce n'est pas vrai : elle se lave les dents maintenant. Comme si elle en avait besoin, elle les a déjà lavées ce matin.
- Les enfants…
Je crois que c'est bon : elle cherche sa veste. Si elle met la noire avec l'écharpe rayée, c'est qu'on va y aller. Je n'y crois pas, elle a reposé la noire. Oh non ! elle monte au grenier. J'entends ses pas au-dessus de moi. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour moi. Elle va passer dans les chambres des enfants. A tous les coups les lits ne sont pas faits, les bureaux totalement en vrac. Je commence à connaître. L'autre fois, ça a pris deux heures, trois sacs poubelles et quelques grincements de dents. Moralité on n'y est pas allé.
Elle est redescendue. Ah, elle a pris la veste grise, la bien chaude, pour les températures en dessous de zéro. Il ne faut quand même pas exagérer. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? On voit bien qu'elle n'est pas sortie ce matin. Ou alors elle vieillit peut-être.
Je crois qu'on va vraiment y aller cette fois. J'entends les enfants qui descendent.
Elle ouvre la porte de la cave. Si elle prend ses chaussures bleues, c'est qu'on va y aller.
Non je rêve, le téléphone sonne. Ne répond pas ne répond pas ne répond pas ne répond pas…
Elle a répondu.
- Oui, on allait partir… On se retrouve là-bas ?
Donc on va y aller. Elle raccroche. Elle prend sa clé. Elle ne va pas m'oublier quand même…
Elle ne ferait pas ça.
- Allez, les enfants, on y va maintenant…
Je me mets devant la porte. Elle ne peut pas me rater.
- Mais pousse-toi de là… Est-ce que quelqu'un …
Elle me passera sur le corps mais elle ne partira pas sans moi.
- … pourrait aller chercher la laisse ? Mais oui ma belle on va aller se promener … On y va !
samedi 30 novembre 2013
Maman, j'ai un truc à te dire...
Je n’avais pas osé lui répondre.
Comment dit-on ces choses-là à sa mère ? Une mère bien sous tout rapport. Je sentais que j’allais encore la bousculer. Alors je m’étais défilée une première fois.
- Maman… il faut que je t’avoue…
Non ce n’était pas évident.
- Vous avez l’air si bien ensemble. Il semble beaucoup t’aimer…
- Chez des amis…
Cela pouvait faire illusion. Elle était suffisamment discrète pour en rester là. Mais c’était sans compter sur les questions de mes chéris.
- Mais c’était chez qui ?
- Quand ?
- Où ?
Une avalanche de points d'interrogation fusait : comment l'esquiver ? A force cela devenait stupide. Je m'étais embringuée dans une impasse.
- On les connaît ces amis ?
- Forcément qu'on doit les connaître…
Ma mère, elle, n'avait pas insisté.
- C'était une semaine où on était chez papa ?
Si je ne pouvais pas leur avouer à eux - ils avaient le bénéfice de l'âge et puis ils étaient mes enfants -, ma mère quand même, avec tout ce que nous avions partagé, elle était capable de l'entendre.
Et plus le temps passait, plus je pensais qu'elle comprendrait. D'autant qu'il n'y avait rien d'honteux. Non vraiment rien. C'était une belle histoire et il n'y avait rien d'honteux à être heureux.
Evidemment, le truc, c'est que ça faisait encore sourire. Même si c'était entré dans les mœurs et qu'autour de moi, j'en connaissais quelques-uns, des couples qui s'étaient formés comme "ça" et finalement, "ça" avait eu l'air de bien marcher pour eux.
C'était rassurant pour tout le monde. Et franchement, pour une mère, être rassurée c'est ce qui compte le plus, non ?
Alors le pourquoi du comment, le "ça", pas la peine de se mettre la rate au court-bouillon. Finalement c'était évident. J'en étais à attendre qu'elle me repose sa question.
- Comment l'as-tu rencontré ?
Cette fois, je lui répondrais.
- Maman, j'ai un truc à te dire…
Peut-être même que "ça" la ferait sourire. De toute façon, ma mère est formidable.
Oui je lui répondrais. Sans rougir. Sans frémir. Parce que c'était incroyable comme histoire et que je n'en revenais toujours pas.
- … on s'est rencontré sur Meetic. Il habitait à 14 km de chez moi et je ne le savais pas...vendredi 29 novembre 2013
En voiture...
J'adore partager les surprises de ma vie…
Au Golden Blog Awards, je me suis fait piquer la place d'Espoir. Sur le moment j'ai trouvé ça un peu saumâtre mais comme je suis une grande fille toute simple et surtout très humble, une fois ma déception ravalée, les émotions retombées et les jours ayant passé, je ne peux que faire profil bas et vous recommander d'aller immédiatement jeter un œil sur le blog de mon concurrent.
Vous y trouverez une jolie collection de textes (très) bien écrits, certains profonds, d'autres très jolis, parfois un peu tristes, vraiment drôles aussi. Des pépites littéraires qui se dégustent à toute heure de la vie. A mon avis, pour aussi bien en parler, son auteur - il s'appelle Franck Pelé - doit beaucoup aimer les femmes.
J'ai un peu peur que vous deveniez accro aux aventures de Simone, la femme de Raoul, et que vous délaissiez mon Scénario Anticrise… Mais je prends le risque.
Ah oui, ça s'appelle En voiture Simone.
http://envoituresimone71.blogspot.fr
Au Golden Blog Awards, je me suis fait piquer la place d'Espoir. Sur le moment j'ai trouvé ça un peu saumâtre mais comme je suis une grande fille toute simple et surtout très humble, une fois ma déception ravalée, les émotions retombées et les jours ayant passé, je ne peux que faire profil bas et vous recommander d'aller immédiatement jeter un œil sur le blog de mon concurrent.
Vous y trouverez une jolie collection de textes (très) bien écrits, certains profonds, d'autres très jolis, parfois un peu tristes, vraiment drôles aussi. Des pépites littéraires qui se dégustent à toute heure de la vie. A mon avis, pour aussi bien en parler, son auteur - il s'appelle Franck Pelé - doit beaucoup aimer les femmes.
J'ai un peu peur que vous deveniez accro aux aventures de Simone, la femme de Raoul, et que vous délaissiez mon Scénario Anticrise… Mais je prends le risque.
Ah oui, ça s'appelle En voiture Simone.
http://envoituresimone71.blogspot.fr
jeudi 28 novembre 2013
La vie des autres (1)
Certaines vies me semblent parfois peu enviables.
Par exemple, mon voisin d'en face vit comme enfermé. Volets fermés ou entrebâillés : je n'ai dû voir ses fenêtres ouvertes qu'une fois, le jour où il a emménagé. Je ne peux pas les rater, elles sont situées juste en face de celles de ma chambre et de ma salle de bains.
Alors j'imagine certaines choses.
Cet homme passe son temps enfermé dans un petit deux pièces sombre et noir.
Il vit seul. Peut-être délaissé à force de ne pas avoir su aimer.
Il survit à coup de nourriture sous-vide qu'il avale devant de petits téléfilms.
Aucune touche personnelle autour de lui. Aucune photo. Le dénuement affectif.
Derrière ses volets, il guette, il épie. Les passantes. Les voix des unes et des autres. Il est à l'affût de celle qui fera un faux pas, qui trébuchera et qu'il pourra alpaguer.
Quand il n'est pas derrière ses volets, il est assis devant son ordinateur. Il traque, observe, cherche, fouine. Le regard fixé sur un écran, il lit la vie des autres en poursuivant des chimères perdues.
Lorsqu'il sort de sa tanière, il évite les rencontres, il fuit les regards. Les sympathies. L'humanité.
Nul ne le connaît parce qu'il est invisible.
Mon voisin d'en face vit enfermé : il n'existe pour personne. Même pas pour moi.
Par exemple, mon voisin d'en face vit comme enfermé. Volets fermés ou entrebâillés : je n'ai dû voir ses fenêtres ouvertes qu'une fois, le jour où il a emménagé. Je ne peux pas les rater, elles sont situées juste en face de celles de ma chambre et de ma salle de bains.
Alors j'imagine certaines choses.
Cet homme passe son temps enfermé dans un petit deux pièces sombre et noir.
Il vit seul. Peut-être délaissé à force de ne pas avoir su aimer.
Il survit à coup de nourriture sous-vide qu'il avale devant de petits téléfilms.
Aucune touche personnelle autour de lui. Aucune photo. Le dénuement affectif.
Derrière ses volets, il guette, il épie. Les passantes. Les voix des unes et des autres. Il est à l'affût de celle qui fera un faux pas, qui trébuchera et qu'il pourra alpaguer.
Quand il n'est pas derrière ses volets, il est assis devant son ordinateur. Il traque, observe, cherche, fouine. Le regard fixé sur un écran, il lit la vie des autres en poursuivant des chimères perdues.
Lorsqu'il sort de sa tanière, il évite les rencontres, il fuit les regards. Les sympathies. L'humanité.
Nul ne le connaît parce qu'il est invisible.
Mon voisin d'en face vit enfermé : il n'existe pour personne. Même pas pour moi.
mardi 26 novembre 2013
Lasagnes
Il paraît que mes lasagnes sont excellentes.
Mes lasagnes sont bonnes, savoureuses, moelleuses, parfumées. Elles sont belles à regarder. Derrière la porte du four. Fumantes sur la table. Un régal pour les yeux. Odorantes quand elles cuisent. Intéressantes à humer. Un délice pour le nez. Elles ouvrent l'appétit. Inspirent les papilles. Déclenchent la salive. Une véritable tentation. Un supplice pour la ligne.
Personne n'y résiste : mes chéris, mon amoureux, mes amis, ma maman, mes neveux, ma nièce, ma petite sœur i tutti quanti...
Là où mes lasagnes passent, le plat finit toujours vide.
Et même moi, je confirme, je l'écris, je revendique et ce n'est pas peu dire : mes lasagnes sont excellentes.
Mes lasagnes sont bonnes, savoureuses, moelleuses, parfumées. Elles sont belles à regarder. Derrière la porte du four. Fumantes sur la table. Un régal pour les yeux. Odorantes quand elles cuisent. Intéressantes à humer. Un délice pour le nez. Elles ouvrent l'appétit. Inspirent les papilles. Déclenchent la salive. Une véritable tentation. Un supplice pour la ligne.
Personne n'y résiste : mes chéris, mon amoureux, mes amis, ma maman, mes neveux, ma nièce, ma petite sœur i tutti quanti...
Là où mes lasagnes passent, le plat finit toujours vide.
Et même moi, je confirme, je l'écris, je revendique et ce n'est pas peu dire : mes lasagnes sont excellentes.
dimanche 24 novembre 2013
Quelque chose
Hier matin, j'ouvre ma boîte aux lettres…
Parfois rien ne peut faire plus plaisir que de recevoir quelque chose par la poste…
quelque chose qui ne ressemble pas à une feuille d'impôt ;
quelque chose qui ne soit pas une collection de catalogues remplis de choses inabordables ;
quelque chose qui ne soit pas le mot de la postière venue vendre ses calendriers ;
quelque chose qui ne soit pas un courrier pour le voisin d'à côté ;
quelque chose qui ne vienne pas annoncer une mauvaise nouvelle ;
quelque chose sur lequel mon nom a été écrit à la main ;
quelque chose qui n'est pas lourd mais qui n'est pas léger ;
quelque chose qui n'est pas une publicité ;
quelque chose qui est bien emballé ;
quelque chose qui m'est personnellement destiné…
Et si ce quelque chose est un livre que quelqu'une a aimé et commandé spécialement pour moi, alors je me dis que, vraiment rien ne pouvait me faire plus plaisir ce samedi matin que de recevoir quelque chose par la poste.
Parfois rien ne peut faire plus plaisir que de recevoir quelque chose par la poste…
quelque chose qui ne ressemble pas à une feuille d'impôt ;
quelque chose qui ne soit pas une collection de catalogues remplis de choses inabordables ;
quelque chose qui ne soit pas le mot de la postière venue vendre ses calendriers ;
quelque chose qui ne soit pas un courrier pour le voisin d'à côté ;
quelque chose qui ne vienne pas annoncer une mauvaise nouvelle ;
quelque chose sur lequel mon nom a été écrit à la main ;
quelque chose qui n'est pas lourd mais qui n'est pas léger ;
quelque chose qui n'est pas une publicité ;
quelque chose qui est bien emballé ;
quelque chose qui m'est personnellement destiné…
Et si ce quelque chose est un livre que quelqu'une a aimé et commandé spécialement pour moi, alors je me dis que, vraiment rien ne pouvait me faire plus plaisir ce samedi matin que de recevoir quelque chose par la poste.
samedi 23 novembre 2013
STOP
Hier soir, sur la route, je suis témoin d'un accident…
Cela me projette quatre années en arrière.
J'étais avec mes enfants et nous revenions du marché où nous avions acheté, entre autres, une caisse d'abricots. Je venais de m'arrêter à un stop et lorsque j'avais redémarré, je n'avais pas vu qu'un piéton arrivait de la gauche.
J'avais la tête ailleurs.
L'avant de ma voiture avait heurté la femme.
Je n'ai jamais oublié le bruit sourd de son corps tapant contre la carrosserie du capot ni cette impression terrible de voir une scène se dérouler comme au ralenti.
La femme était tombée devant la voiture et j'avais juste eu le temps d'apercevoir son visage.
Après j'avais coupé le contact, demandé à mes enfants de garder leur ceinture attachée et j'étais sortie du véhicule, c'était la panique.
Elle était allongée sur le pavé. Des passants s'étaient déjà attroupés. Une commerçante était sortie et je l'avais entendu me dire qu'elle avait appelé les pompiers. Quand ils étaient arrivés, ils étaient accompagnés par la gendarmerie et la femme était toujours allongée.
Ils l'avaient chargée sur un brancard pendant qu'un homme en uniforme bleu me mettait discrètement à l'écart pour me poser quelques questions et me faire souffler dans un éthylotest.
J'avais sursauté lorsque les portes du camion de pompier avaient claqué et qu'il avait démarré, j'avais demandé au gendarme dans quel hôpital on conduisait la femme.
Le gendarme m'avait fait signer une déposition avant de me conseiller de rentrer chez moi. J'étais remontée dans ma voiture et j'avais démarré.
Je me rappelle avoir tremblé en passant les vitesses. J'aurais voulu repartir à pied. Les enfants n'arrêtaient pas de me poser des questions, si la femme était blessée, si elle souffrait, si on allait l'opérer, si elle saignait…
Aucun des deux ne m'avais demandé si elle allait mourir.
Moi je m'étais demandé si elle pourrait remarcher. Si elle serait handicapée toute sa vie. Si ma vie à moi aussi allait basculer. Ce qui allait se passer. Ce que j'allais devenir. Si je l'avais tuée.
J'avais déposé les enfants à la maison. Préparé rapidement un déjeuner. J'avais sorti la caisse d'abricots du coffre. Tout ce que je faisais me semblait désordonné.
J'avais essayé d'appeler l'hôpital. Une fois. Dix fois. Je n'arrivais pas à avoir le service.
J'avais finalement repris ma voiture et j'étais repartie.
Dans ma tête défilaient tout un tas de choses insensées. Ce que je n'avais pas eu le temps de faire avant ce fameux stop. Une lessive que je n'avais pas étendue. Le jour de la naissance de mes enfants. Ce que nous avions mangé au repas de la veille. Les vacances qui allaient arriver. La réunion à laquelle je ne pourrais pas assister. Les abricots au sirop que j'avais promis à ma fille.
Quand j'étais arrivée à l'hôpital, une infirmière m'avait simplement dit que la dame venait de rentrer chez elle.
J'avais ressenti un grand vide. Un immense vertige. Le précipice était là. J'étais juste au bord et il ne s'était rien passé. Ou presque.
Parce que, je ne le savais pas encore, le point de rupture était pourtant bien là, à ce stop où ma vie venait de basculer.
Après... plus rien n'a jamais été comme avant.
Cela me projette quatre années en arrière.
J'étais avec mes enfants et nous revenions du marché où nous avions acheté, entre autres, une caisse d'abricots. Je venais de m'arrêter à un stop et lorsque j'avais redémarré, je n'avais pas vu qu'un piéton arrivait de la gauche.
J'avais la tête ailleurs.
L'avant de ma voiture avait heurté la femme.
Je n'ai jamais oublié le bruit sourd de son corps tapant contre la carrosserie du capot ni cette impression terrible de voir une scène se dérouler comme au ralenti.
La femme était tombée devant la voiture et j'avais juste eu le temps d'apercevoir son visage.
Après j'avais coupé le contact, demandé à mes enfants de garder leur ceinture attachée et j'étais sortie du véhicule, c'était la panique.
Elle était allongée sur le pavé. Des passants s'étaient déjà attroupés. Une commerçante était sortie et je l'avais entendu me dire qu'elle avait appelé les pompiers. Quand ils étaient arrivés, ils étaient accompagnés par la gendarmerie et la femme était toujours allongée.
Ils l'avaient chargée sur un brancard pendant qu'un homme en uniforme bleu me mettait discrètement à l'écart pour me poser quelques questions et me faire souffler dans un éthylotest.
J'avais sursauté lorsque les portes du camion de pompier avaient claqué et qu'il avait démarré, j'avais demandé au gendarme dans quel hôpital on conduisait la femme.
Le gendarme m'avait fait signer une déposition avant de me conseiller de rentrer chez moi. J'étais remontée dans ma voiture et j'avais démarré.
Je me rappelle avoir tremblé en passant les vitesses. J'aurais voulu repartir à pied. Les enfants n'arrêtaient pas de me poser des questions, si la femme était blessée, si elle souffrait, si on allait l'opérer, si elle saignait…
Aucun des deux ne m'avais demandé si elle allait mourir.
Moi je m'étais demandé si elle pourrait remarcher. Si elle serait handicapée toute sa vie. Si ma vie à moi aussi allait basculer. Ce qui allait se passer. Ce que j'allais devenir. Si je l'avais tuée.
J'avais déposé les enfants à la maison. Préparé rapidement un déjeuner. J'avais sorti la caisse d'abricots du coffre. Tout ce que je faisais me semblait désordonné.
J'avais essayé d'appeler l'hôpital. Une fois. Dix fois. Je n'arrivais pas à avoir le service.
J'avais finalement repris ma voiture et j'étais repartie.
Dans ma tête défilaient tout un tas de choses insensées. Ce que je n'avais pas eu le temps de faire avant ce fameux stop. Une lessive que je n'avais pas étendue. Le jour de la naissance de mes enfants. Ce que nous avions mangé au repas de la veille. Les vacances qui allaient arriver. La réunion à laquelle je ne pourrais pas assister. Les abricots au sirop que j'avais promis à ma fille.
Quand j'étais arrivée à l'hôpital, une infirmière m'avait simplement dit que la dame venait de rentrer chez elle.
J'avais ressenti un grand vide. Un immense vertige. Le précipice était là. J'étais juste au bord et il ne s'était rien passé. Ou presque.
Parce que, je ne le savais pas encore, le point de rupture était pourtant bien là, à ce stop où ma vie venait de basculer.
Après... plus rien n'a jamais été comme avant.
vendredi 22 novembre 2013
Silence…
Ils s'étaient tus mais soudain…
C'est comme un sifflement que j'entendrai dans le lointain, un murmure qui s'amplifie, un bourdonnement diffus.
Petit à petit, ils prennent place, s'immiscent, se précisent.
Ils s'accordent pour former des phrases.
Ils s'expriment. Bavardent. Jacassent.
Ils formulent une idée sur tout. Presque trop bruyants.
Cacophonie assourdissante après le grand silence.
Les mots reviennent. Ils sont là.
C'est comme un sifflement que j'entendrai dans le lointain, un murmure qui s'amplifie, un bourdonnement diffus.
Petit à petit, ils prennent place, s'immiscent, se précisent.
Ils s'accordent pour former des phrases.
Ils s'expriment. Bavardent. Jacassent.
Ils formulent une idée sur tout. Presque trop bruyants.
Cacophonie assourdissante après le grand silence.
Les mots reviennent. Ils sont là.
jeudi 14 novembre 2013
Droit à l'image
mardi 12 novembre 2013
Le poulet, le riz et la petite souris
Je rentre du travail tout à l'heure…
Bizarrement une odeur de poulet flotte dans l'entrée.
- Coucou les chéris c'est moi…
L'odeur de poulet est plus forte encore dans la cuisine.
- C'est bizarre ça sent le poulet…
Je sens les regards qui se dérobent.
- T'as passé une bonne journée ?
Franchement ça sent le poulet qui vient de cuire alors que je l'ai cuit hier soir en prévision du repas de ce soir.
- Tu m'emmènes acheter des baskets ?
Une fourchette traîne dans l'évier : elle n'y était pas ce matin.
- Vous avez vidé le lave-vaisselle ?
J'ouvre le réfrigérateur (il est beau d'ailleurs), le tupperware de poulet est là, posé sur la deuxième claie.
- Tu peux m'emmener à l'orchestre ?
Pile à l'endroit où il se trouvait ce matin.
- Vous avez mangé du poulet au goûter ?
Mais bizarrement il est tiède : c'est étrange de trouver dans un réfrigérateur un tupperware encore tiède alors qu'il y est depuis la veille au soir.
- Qui a mangé du poulet ?
Je sens désormais planer une odeur de… mystère autour de moi.
- … ce n'est pas moi !
Cela sonne comme le cri du cœur ou plutôt comme celui de l'estomac.
- … c'est forcément quelqu'un !
Je n'ai encore accusé personne mais j'ai quand même une petite idée. La semaine passée, c'est une barquette de riz qui y est passée à l'heure du goûter de la petite souris.
- … pourquoi tu crois toujours que c'est moi ?
Avant de détaler en claquant les talons. Et la porte en haut de l'escalier.
Et ce soir au dîner entre deux morceaux de poulet…
- Le self c'est affreux…
Je tombe de haut.
Mon grand explique :
- En fait en 6e tu trouves ça hyper bon…
Pour le coup ils sont solidaires et la petite souris renchérit :
- En fait tu trouves ça hyper bon pendant quinze jours…
Je pensais que c'était délicieux.
- C'est amusant et puis tu manges comme tu veux…
- Personne pour te forcer…
- A midi les haricots ils étaient filandreux…
- … la brochette de dinde pouah !
- Tu vas t'y habituer, tu verras...
- … t'as mangé la salade avec le truc qui ressemblait à des haricots rouges…
- … le jeudi en général c'est meilleur…
- … mais non c'était pas des haricots rouges…
- … c'était quoi alors ?
Je n'arrive plus à les arrêter : l'un pousse l'autre.
- … la banane, elle, était vraiment bonne…
Je pense au chèque que je viens de faire pour la cantine : 188 € x 2 = …
Ça fait cher le kilo de banane.
Bizarrement une odeur de poulet flotte dans l'entrée.
- Coucou les chéris c'est moi…
L'odeur de poulet est plus forte encore dans la cuisine.
- C'est bizarre ça sent le poulet…
Je sens les regards qui se dérobent.
- T'as passé une bonne journée ?
Franchement ça sent le poulet qui vient de cuire alors que je l'ai cuit hier soir en prévision du repas de ce soir.
- Tu m'emmènes acheter des baskets ?
Une fourchette traîne dans l'évier : elle n'y était pas ce matin.
- Vous avez vidé le lave-vaisselle ?
J'ouvre le réfrigérateur (il est beau d'ailleurs), le tupperware de poulet est là, posé sur la deuxième claie.
- Tu peux m'emmener à l'orchestre ?
Pile à l'endroit où il se trouvait ce matin.
- Vous avez mangé du poulet au goûter ?
Mais bizarrement il est tiède : c'est étrange de trouver dans un réfrigérateur un tupperware encore tiède alors qu'il y est depuis la veille au soir.
- Qui a mangé du poulet ?
Je sens désormais planer une odeur de… mystère autour de moi.
- … ce n'est pas moi !
Cela sonne comme le cri du cœur ou plutôt comme celui de l'estomac.
- … c'est forcément quelqu'un !
Je n'ai encore accusé personne mais j'ai quand même une petite idée. La semaine passée, c'est une barquette de riz qui y est passée à l'heure du goûter de la petite souris.
- … pourquoi tu crois toujours que c'est moi ?
Avant de détaler en claquant les talons. Et la porte en haut de l'escalier.
Et ce soir au dîner entre deux morceaux de poulet…
- Le self c'est affreux…
Je tombe de haut.
Mon grand explique :
- En fait en 6e tu trouves ça hyper bon…
Pour le coup ils sont solidaires et la petite souris renchérit :
- En fait tu trouves ça hyper bon pendant quinze jours…
Je pensais que c'était délicieux.
- C'est amusant et puis tu manges comme tu veux…
- Personne pour te forcer…
- A midi les haricots ils étaient filandreux…
- … la brochette de dinde pouah !
- Tu vas t'y habituer, tu verras...
- … t'as mangé la salade avec le truc qui ressemblait à des haricots rouges…
- … le jeudi en général c'est meilleur…
- … mais non c'était pas des haricots rouges…
- … c'était quoi alors ?
Je n'arrive plus à les arrêter : l'un pousse l'autre.
- … la banane, elle, était vraiment bonne…
Je pense au chèque que je viens de faire pour la cantine : 188 € x 2 = …
Ça fait cher le kilo de banane.
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